Premier volet d’une fresque en deux parties, Disco inferno nous replonge au début des années 80, au moment où des malades du sida sont retrouvés assassinés. Un polar palpitant signé Jean-Christophe Grangé !

Début des années 80, le sida, que l’on ne nomme pas encore ainsi, commence à faire des ravages dans les milieux homosexuels, notamment à Paris. Comme si cela ne suffisait pas, voilà que l’un des membres de cette communauté est retrouvé sauvagement assassiné. Démarre alors une enquête menée par un flic au style singulier… Loin des clichés du flic habituels, Patrick Swift, la trentaine, genre BCBG, va rapidement s’attirer les sympathies de Daniel Ségur, un médecin de l’Institut Vernes, à Paris, spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales et qui s’occupait du jeune homme retrouvé mort. Et puis, il y a Heidi Becker, amie intime du défunt qui va, à sa manière, contribuer à faire avancer l’enquête pour tenter de retrouver ce tueur qui s’acharne sur des malades du sida. Trois personnages aussi différents les uns que les autres mais très complémentaires, qui vont nourrir ce nouveau et épatant polar signé Jean-Christophe Grangé.
L’auteur des Rivières pourpres nous replonge dès les premières lignes du roman dans ces années 80 sombres, où cette maladie que l’on appelait faute de mieux le « cancer gay », commençait à tuer une partie de la population homosexuelle. Extrêmement bien contextualisé, pétri de références cultuelles à cette époque, et notamment musicales (King Crimson, Genesis…), ce nouveau roman mené à un rythme soutenu, se lira d’une traite ou presque.
A travers ce récit, les plus anciens se souviendront de cette période de fête et d’insouciance durant laquelle les soirées les plus folles étaient organisées dans les clubs parisiens de l’époque comme Le Palace et les Bains douches, fréquentés alors par le gratin du showbiz. C’est au cœur de ce monde de la nuit, foisonnant, fascinant et mystérieux, que Grangé développe en partie son histoire.
Car au-delà de l’intrigue policière, rondement menée et bien ficelée, avec son lot de rebondissements qui arrivent au bon moment, c’est l’ambiance qui constitue le véritable point fort du roman. Richement documenté, l’histoire nous raconte en détail le microcosme homosexuel parisien de l’époque, la drogue, les excès et les perversions en tout genre, les endroits de prédilection, et comment des hommes de tout âge et de tout milieu se retrouvaient dans des lieux interlopes pour assouvir leurs instincts, avec pour certains, des pratiques assez hardcore, dont on laissera au lecteur le soin de découvrir le détail à travers quelques passages de ce passionnant et palpitant roman.
Précisons enfin que Sans soleil, Disco inferno Volume 1 est publié simultanément avec le tome 2 Le roi des ombres dont nous parlons prochainement.
Benoit Richard