Coline

coline.jpgInvité à  l’avant première du film, c’est moi qui me colle à  la chronique de Coline, premier film du Strasbourgeois Etienne Constantinesco. Veuillez m’excuser auprès du lectorat de JB Doulcet, habituellement en ces lignes. Aussi parce que Coline a une destinée un peu étrange, dont on aura je l’espère la possibilité de discuter avec son réalisateur.

Coline ne sera pas visible en salle à  sa sortie faute de distributeur assez courageux ou inspiré pour prendre sous son aile un film sans star, sans acteur connu et même parfois sans acteur tout court. Le film en poche, Etienne constantinesco a donc décidé de jouer la carte du web et a trouvé un partenaire en la personne morale de Dailymotion qui assurera dès le 9 avril 2010 la plateforme de diffusion de l’oeuvre, visible gratuitement par les internautes. On reviendra sûrement sur les questionnements  » philosophico-économico-culturels,  » induits par une telle démarche. On se contente d’évoquer ici le film en lui-même.

Raph personnage fil rouge de Coline, on en a tous un dans une bande de potes. C.’est souvent le gars malin, ou rebelle, qui refuse de se sortir les doigts duc et finit par squatter soit sur le canapé, soit dans la chambre d’ami. Le gars qu’on aimerait virer mais qu’on garde par respect du temps passé et des conneries d’adolescents. Raph c’est le gars dont on sait qu’il va se faire couillonner. Et la liste est longue au portillon de ceux qui sont prêts à  abuser de sa naîveté. Des proches aux dealers de passage. Raph a besoin d’argent. Freddy et Pierre, voyous à  casquette de travers qui font peur à  Nadine Morano ont aussi besoin d’argent et sont prêts à  un petit biz de temps à  autres pour payer l’apparte et le whisky en boîte de nuit. Aurore galère à  l’identique: étudiante de fac démissionnaire qui pointe au macdo ou équivalent. Fatih et Okan aussi sont au taquet. Et travailler dans le fast food d’un voyou au t shirt gras n’arrange pas grand-chose. Tout ce petit monde va se croiser dans une scène de la vie quotidienne où les actes des uns ont des conséquences sur les autres et réciproquement.

Le pari du budget riquiqui est une gageure dont s’est bien débrouillé Constantinesco. La caméra est assurée et le montage taille dans le gras narratif. On évite le dogme du caméra DV à  l’épaule qui est devenu la figure de style imposée des films sans moyen. Le réalisateur mélange comédiens professionnels et casting d’amateur dans un film de genre, la cité, maintes fois abordé depuis Mathieu Kassovitz. Et la surprise provient d’ailleurs de ce que ce sont les comédiens non professionnels qui incarnent le mieux les petites frappes en mal d’oseille. Freddy ( Jean Bailly) est à  ce titre la vraie révélation du film, tandis que,  Alex (Charles Hurez) peine à  convaincre.

Le pari de l’absence de moyen fournit aussi des décors à  l’évidence réalistes, des intérieurs sans âme comme le sont les nôtres, des rues sans vie,  de Strasbourg, mais on aurait pu évoquer Sarcelles ou Anderlecht que c’eût été la même histoire.

Le premier film est toujours un pari risqué. Le réalisateur ne parvient pas tout à  fait à  faire mentir l’adage.,  Avec une nuit de réflexion suite à  la projection, j’ai compris ce qui m’a titillé au long du film sans arriver à  le verbaliser ensuite.

Constantinesco veut tant réussir son premier long métrage, qu’il finit par y mettre trop, et perd -un peu- le spectateur qui ne sait plus au final à  quel genre se vouer, sans que réellement cette perméabilité soit la volonté ou la réflexion terminale du film. Film de genre, : oui. Coline est un film de petites frappes, habitude plutôt à  l’anglaise, façon Mike Leigh ou Ken Loach, au coeur des vies, sans juger les protagonistes. Mais dans ce cas, le final n’est pas assez plombant, voyeur, trop varié pour qu’on sorte du cinéma avec la rage sociale et le  » et moi j’aurais fait quoi, ?,  » traditionnel. Coline est un film de banlieue, avec La Haine comme référent absolu.Mais dans ce cas, le survol par le bout humain de la lorgnette empêche toute globalisation du propos, et ne nourrit pas la réflexion des spectateurs. On n’est pas confronté à  des destins personnifiés ni à  des étendards du genre. Coline est un film de banlieue, drôle, façon le ciel les oiseaux et ta mère. Mais dans cas, il n’est pas assez chargé en scènes au potentiel comique, ; même si je dois reconnaître l’efficacité de l’écriture de certaines scènes (notamment la drague de Aurore par Freddy, que j’avais tenter de pirater pour la provoc’ en fin d’article). Coline est un film d’auteur francophone. Et cette définition explique parfois le manque de rythme entre des scènes au potentiel pourtant musclé. Fournir le scénario à  Guy Ritchie aurait donné un drôle de Snatch avec Jason Statham dans le rôle de Freddy. Qu.’on l’ait donné aux Dardenne et la caméra eut virevolté entre Aurore et Freddy en mettant l’accent sur la mauvaise peau d’une fille qui oscille entre Macdo et peste machiavélique.

Au final je sors de la salle de projection (ouais j’ai eu la chance de tâter du siège moelleux et de la salle noire pour voir le film, pauvre internaute) avec un sentiment mêlé de sympathie, de talent prometteur,,  et de question  » mais qu’est-ce qu’on a bien voulu me donner comme message,  » ?,  Un réalisateur à  suivre, déjà  rien que pour voir quelle composante aura sa prédilection à  l’avenir. Et l’avantage, c’est que dès le 9 avril, vous pourrez venir ici me dire ce que vous en avez pensé. Ou pas.

Denis Verloes

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Coline

Film français d’Etienne Constantinesco
genre: comédie dramatique / drame social
durée: 1h20 environ
Avec: Raphaël Bartlen, Jean Bailly, Twefik Jallab, Estelle Galarme, Charles Hurez, Lahcen Razzoughi, Choukri Rouha…

Date de sortie SUR LE WEB: le 9 avril 2010 à  cette adresse http://www.dailymotion.com/coline-le-film

Extrait officiel


Le gang des machines à  cafés
envoyé par Coline-le-film. – Court métrage, documentaire et bande annonce.

Mon petit screener pourri
(retiré à  la demande de la production)