The Mars Volta – The Bedlam In Goliath

Et dire que tout a commencé par une contorsion sensuelle de (jolies) fesses dans un futal moulant en velours, un saut de cabri du haut d’une batterie, un coit morisonien avec un micro et un Stéphane Saunier complètement ébloui sur le plateau de Nulle Part Ailleurs un soir de 2001 (Ma Vhs a rendu l’âme rip !) »Depuis, ma passion pour les aventures du duo texan d’El Paso Omar Rodriguez et Cedric Bixler Zavala ne s’est jamais éteinte et n’a jamais été aussi intense.et la perspective de les savoir en studio prêt à  en découdre de nouveau après l’indigeste Octahedron me colle un espoir fou Oseront-ils une suite à  ce monument qu’était The Bedlam In goliath (qui égalait l’ovni De Loused In The Comatorium).

Retour sur un miracle »un soir de fin janvier 2008

Tsunami dans mes oreilles ce Bedlam (la folie dans le texte) in Goliath est un monstre, un mastodonte bandant, heavy, incisif, plus frontal que ses prédécesseurs, éclectique, beau, sombre et absolument mortel et que de musicalité et de sens mélodique la vache!.. Je passe sous silence le concept déglingo-mystique qu’est la genèse de l’opus enfanté dans la douleur! J’avoue que je suis subjuguée, j’y ai laissé une partie de mon âme dans cette galette. Je vis un rêve sonore, à  la fois éveillé et endormi, j’ai des images plein les yeux qui débordent et coulent… Bedlam vient de faire vaciller De Loused de son piédestal.. C’est leur diamant noir, à  la fois immédiat et long en bouche, un de ces brûlots sauvages cultes qui arracheraient quelques spasmes ultimes à  un mort, avec un gang au sommet de son art et de ses névroses !

J’y apprécie la structure des morceaux, plus ramassée plus concise qui va à  l’essentiel »Aux orties les longs fleuves expérimentaux pas tranquilles (et parfois très rasoirs zzz ») qui flirtent avec le quart d’heure ) »Le combo a dégainé des compos plus directes et plus explosives que jamais. C’est barré, tordu juste comme il le faut et souvent génial, même la prod d’Omar va droit au but, la technique ne l’emporte pas sur l’émotion brute. Et quel pied de crier comme une ado à  son premier rencard avec le playboy du lycée en plongeant à  maintes reprises dans les bras d’un amour retrouvé aka la furia punk-hardcore des At The Drive In, YEAH !

Et il faut se prosterner et oser élever une statuette en or massif pour saluer la révélation du disque à  savoir Sir Thomas  » Fuckin’ Beast  » Pridgen, 23 années seulement au compteur à  l’époque de l’enregistrement (il a depuis été limogé »), sevré dès sa plus tendre jeunesse à  la brutalité métallique , le nouveau seigneur des fûts , qui apporte une dimension supplémentaire au gang..Il dépote au-delà  de mes espérances les plus exotiques.. Omar avait évoqué à  son propos un Jon Theodore sous coke c’est complètement exact. Ce mec dynamite tous les morceaux, il est omniscient, on sent le martyr de ses peaux à  chaque instant faire frétiller notre peau justement.. Sa frappe est puissante, technique oui mais subtile, aérienne et flamboyante sans donner dans la démonstration vaine, tellement il enchaîne les séquences d’anthologie !

Musicalement, c’est donc le grand feu d’artifice, outre les riffs abrasifs d’Omar inventif à  foison le pistoléro mexicano et d’une sobriété jouissive (à  la trappe la  » branlette  » de manche) il y a des jams percutantes qui regorgent de lignes de basses titanesques (grazie Juan Alerte (monumental tellement il éclabousse le disque de son talent avec Thomas Pridgen ), des sax débridés, des boucles de synthés démoniaques distillées par Môssieur Ikey Owens, de cordes magnifiques (yeah Adrian !), quelques percus latino (from Marcel, le frère d’Omar !!)sans causer de ce déluge d’effets qui constellent cette superbe planète Mars. S’agissant des vocalises de Cedric, elles sont hallucinantes, il a cet art désarmant de faire naviguer son organe, entre calme et tempête ,de nous caresser l’oreille avant de nous exploser les tympans. Son intensité me fait l’effet d’une sensationnelle montagne russe.. .Il y a des chefs d’oeuvre dessus quasi aucune faute de goût bordello et de grands moments d’orgasmes musicaux qui enchantent le mur du son et convertissent en quelques notes n’importe quelle mélopée en un hit qui vous fracasse la tête de bonheur !

Artisans de leur propre son, souvent copié jamais égalé (Michel Drucker sors de ce corps, formidââbleuh) où s’évanouissent les fantômes du Zep, du Floyd, King Crimson ou Yes oui mais transcendés et magnifiés à  la sauce martienne. Fidèles à  leur ligne de conduite (à  savoir : aucune !!) voilà  des musiciens d’exception qui ne songent qu’à  se faire plaisir, multiplient les side-projects les plus déjantés (Omar se payant le luxe de dégainer parfois cinq opus dans l’année )et se réjouissent d’avoir inventé un cosmos qui est un magnifique refus du compromis, un  » fuck  » lancé à  la face de l’industrie et aux plumitifs blasés .De quoi les soutenir et les aimer d’un amour ardent donc, pour cette démarche même si leur melon est aussi énorme que leur touffe ;)). Ils n’ont plus rien à  prouver en presque 10 ans de carrière (et oui déjà  !), carburent au feeling et se foutent éperdument des modes. Tranquillement mais sûrement, les olibrius chevelus d’El Paso signent disque après disque une discographie passionnante !

***

Plongée dans les abysses et les entrailles de ce Goliath, bestiau sonique diablement organique qui nous engloutit à  notre corps défendant dans un trip ténébreux et sublime .!

Démarrage en demi teinte avec Aberinkula qui plante de sacrés clous (de plomb) d’entrée et demeure le seul faux pas du disque et pourrait faire fuir les auditeurs motivés qui souhaitent tenter l’expérience de la Planète Mars (voix horrible et trop aigue , bouillie musicale, réverb’ écoeurante, impros vaines et solos inutiles soient les écueils qui ont saccagé une partie de Frances The Mute). Il n’y a guère que la partie avec le sax qui relève l’affaire mais un poil trop tard . Metatron élève sensiblement les débats et s’avère ultra efficace et dansante mais ne fait pas encore parler la poudre. Sa structure patchwork rend le morceau bancal et bordélique je trouve, fil d’Ariane wanted. Petit gâchis car il y avait matière à  une grande chanson .Les beaux moments sont pourtant légion: le changement de tempo avec la métamorphose vocale à  3’22, quelques beaux riffs, un beau duel gratte/sax et à  5’32 ce délire rythmique fusion à  la Red Hot (Juan dégaine du Slap funky et dévastateur façon Flea) Malgré tout un goût d’inachevé dans les oreilles!

Les choses s’accélèrent avec l’infernal triptyque Illyena, Wax Simulacra et le mastodonte Goliath le bien nommé !

Je suis toujours autant séduite par la réussite du premier single Wax Simulacra (cette batterie insensée qui nous cueille d’emblée , cette gratte lancinante, une rythmique imparable et le timbre hyper haut perché de Cédric qui rappelle celui du »Take The Veil Cerpentin Taxt »)

Ilyena cette tuerie est un single potentiel susceptible d’embraser les dancefloor et les corps ( I need a brand new skin !). J’aime cette voix presque féminine et larvée d’effets robotiques (penchez vous sur les harmonies vocales à  2’40, quel pied Follow Me Tonight yahoooo allô Madonna cha va ? !!) et je radote mais c’est le nerf de cette sublime oeuvre ce diptyque rythmique foutrement groovy qui happe les esgourdes .Que dire de ce solo de gratte très funky à  3’25… Et comment ne pas se pâmer d’amour sur cet ultime assauts de fûts sec et chirurgical de Pridgen à  4’15 qui nous entraîne dans une beat hip-hop hispanique sous acide sur lequel s’enrayent des riffs et coulent les effets électro-allumés! Jolis amuse-gueules dans la veine du De Loused avant le premier choc du disque la Bête itself ! The one that don’t like I really want it nowwwwwwww « . Le titre est indescriptible tellement sa montée m’achève et m’envoie dire hello to heaven. Enfin, à  compter de 6’52 c’est le nirvana absolu le décor se flingue définitivement et la rage va crescendo à  l’instar de la rythmique pachydermique. Le morceau se déploie comme des ciels bouchés, presque noirs : chaos instrumental, esgourdes en feu, gang en apothéose avec en tête de gondole Ced enragé ultime nous balance en pleine tronche et répète à  l’envie sur la fin.

Never heard a man speak like this man before.
Never heard a man speak like this man before.
All these days of my life, ever since I’ve been born
Never heard a man speak like this man before.
Watch me now (pan, je suis on ze ass !!) …

La bête est de sortie et on tutoie le point de non retour !

Tourniquet Man impose le calme après cette tempête… Divine pause, petite douceur qui fond doucement sous la langue. Voilà  une grande (et courte) chanson d’amour traversée par des bruits d’oiseaux , de beaux tourbillons de gratte électro acoustiques qui me font frémir de bonheur… Le crépuscule chargé en bruitages et effets délirants peut agacer mais les flûtes qui se meurent et ce sax qui rend l’âme lui aussi pfeeeeeew c’est beau.  » Let me be your Tourniquet Maaaan  » purée j’ai songé à  un slow métalleux des 80’s (plus je me l’envoie plus je songe à  Kirk Hammett et à  Metallica« ) J’y vois une belle bande son de quelques rodéos charnels pas piqués des hannetons) C’est typiquement le genre de morceau cotonneux qu’on aime entendre au petit matin, le lendemain d’une soirée un peu folle, pleine de volutes et d’alcool, ces matins au réveil chaotique et vitreux où tout s’éclaire quand on renaît dans des yeux amoureux le fameux Tourniquet Man donc »(cui cui de sortie là  ;)

Cavalettas ,folle cavalcade schizophrène oui, morceau le plus ambitieux, le plus exigeant et le plus imprévisible du disque, celui qu’on porte aux nues ou qu’on déteste pour l’éternité.C’est un titre casse-gueule, brutal, dense, punk (la prems partie exquise vogue dans les contrées désertées par les At The Drive In et vous fait headbanguer sans relâche !), hyper barré qui progresse en lignes brisées et se contorsionne déstructuration et envol d’ovnis inclus (et je déconne à  peine): Et de prime abord, cette avalanche de breaks et de va et viens épuisent plus qu’ils ne séduisent mais à  la deuxième écoute puis aux suivantes, mon oreille s’habitue et réagit mieux même si la structure me perd un poil et me fait délirer à  la fois. Le sax paranoîaque qui se déglingue, les flûtes toutes folles, les petits bruits bizarres, les silences perturbants, les riffs et la pédale wah-wah qui en veut à  la terre entière et cette caravane rythmique de l’étrange qui déferlent comme un rouleau compresseur, marée sonique qui me submerge et cette fin aquatique qui sombre en eaux troubles comme le timbre déformé de Bixler « Coup de maître (pour beaucoup de pazzo ;)) ou coup d’épée dans l’eau ?Je ne sais toujours pas. Mais l’obsession et l’amour gagnent du terrain… En tous cas, voilà  un morceau qui ne laisse pas de marbre quel joyeux bordel composé sous acide , champis et tout la cliqua opiacés avec un Pridgen plus défoncé que jamais..

Chouchou intersidéral le féroce et pharaonique Ourobouros l’un des climax de l’opus et l’un des plus grands morceaux du gang . Entame bille entête, son gonflé aux testostérones, la mélodie méchamment construite en surimpression d’un nuage inquiétant de guitares qui couinent m’a scotchée .Je me remets pas de cette merveille heavy aux breaks speed, épiques et dévastateurs.. Je suis amoureuse de la batterie épileptique qui décalotte d’emblée (il a combien de bras Pridgen ?) et crée une tension qui ne baissera jamais et que dire de cette basse hallucinogène. J’adôôre la justesse irréelle de voix de Cédric, laquelle est d’abord menaçante avant d’aller s’abîmer avec bonheur dans dérives aigues (avec des effets oui mais ô combien sentis là ). Omar trouve le timing idéal au manche et dégaine un riff unique voire déjà  cultissime en recréant un accordéon tricoté à  la gratte wowhouuu Ear Candy baby! Parfois je songe à  quelques délires azimutés chers au Mr Bungle de Mike Patton c’est dire si j’en suis raide dingue. A 4’26 Bixler titille notre corde sensible »Take me with you, it’s not safe in here »  » Et l’apocalypse arrive à  4’32, la Terre s’arrête de tourner et mon coeur cesse de battre pour voir déferler ce break d’anthologie de batterie syncopé et dantesque qui entraîne tous les instrus dans son sillage satanique jusqu’à  l’explosion final tous larsens dehors et Cedric qui lâche au même instant un  » And all You ask is why , whyyyyyyyyy  » d’une voix plus suave et sensuelle que jamais qui contraste avec le chaos ambiant « Don’t you ever, ever trust (my) mercy! Un coup de maître ! !

Après arrive dans le même souffle de grâce et de génie Agadez : Intro spatiale qui laisse la place à  une batterie éléphantesque et addictive (Pridgen n’est pas humain !!) et puis cette ligne de basse divine dont le groove faussement dilettante et vicieux me fait fantasmer comme une môme.. Mais comment ne pas succomber à  ce rythme salsa dévastateur. A 1’36 Omar sort du bois et tricote l’impossible, la grâce en faisant pleurer son manche d’arpèges déchirantes et miaulantes suivi comme une ombre par l’infernal duo basse/batterie qui ne baissera jamais la garde…..Quand à  3’23 Bixler lâche le »through the blisters » of je sais pas quoi c’est beau à  en hurler voire à  en chialoutter « Et que dire de ces roulements de caisse déments et le rythme entraînant et la voix de Ced toute douce. toute cristalline puis qui devient féline ahh, extase totale, orgasme intense Allô la Terre ?..Et la cherry sur le cake arrive à  5’18 lorsque certains accords de grattes hyper rapides me font songer à  At The Drive In , choc absolu, c’est limite une distorsion de l’intro monumentale du  » One Armed Scissors  » (comme sur pas mal de morceaux du disque d’ailleurs l’exemple le plus flagrant est Cavalettas je pense!)et last but not least que dire de ce BECAUSE décoché par Omar et qui revient comme un leitmotiv et qui me hante ah je fonds! Why ? BECAUSE !  »

Soothsayer
inattendue, elle m’a cueillie tellement elle est sublime et foudroyante cette ballade quasi mystique à  fort coefficient émotionnel avec son délicat parfum oriental et cubain (aussi par moments), ses cordes (quelle splendeur ces violons) qui nous enveloppent et nous glacent.. Cette batterie affolante et pénétrante escortée de riffs qui s’emmêlent.. Quel un trip émouvant et dépaysant qui dévoile un monde en apesanteur. S’installer et se délecter de cette mélopée qui s’écoule…, même si je suis loin d’en avoir fait le tour vraiment mais musicalement le gang nous emmène loin limite en Terra Incognita .. Sincèrement elle aurait été parfaite pour clore le disque non …Quelle ambiance lascive et merveilleuse qui laissera une trace insouciante : on est grisé, on se réapproprie l’écoute lente dans ce voyage…Come withhhhh me même Cedric , littéralement poignant et possédé ici, nous prend par la main.. La fin va tutoyer les cieux avec ces cordes qui s’étranglent et nous font chavirer tellement le gang se met à  nu sur ce titre.

La tension retombe avec l’autre ratage de l’opus Askepios (sur lequel John Frusciante la joue petits bras) qui ne m’a pas laissée un souvenir impérissable et c’est pas faute de me l’être envoyée ..Heureusement, Conjugal Burns referme les débats par une sublime invitation à  la rêverie. Je suis complètement sous le charme du tempo langoureux déchiré par des assauts électriques et bordello le duel rythmique à  la conquête du nirvana sonique et Ikey et ses délires synthétiques wow… Ouh quel organe encore Cedric aie, aie., la fin est complètement déjantée et foutraque… On a l’impression que tous les intrus vont clamser et à  raison puisque le morceau s’achève de façon très brutale et nous laisse KO debout…

J’ai suis addicted et je compte comme une prisonnière les jours qui me séparent de la prochaine livraison des texans avec un line-up encore mystérieux mais toujours avec Cédric et Omar au gouvernail de ce vaisseau qui refusera toujours d’attérir sur la planète où on l’attend..

Corinne LGT

Tracklist

Date de sortie: le 29 Janvier 2008
Label: Universal

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Wax Simulacra chez Letterman via Youtube