Chroniques Express – Chroniques 111

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DAVID CARROLL / 2 A.M / SLEEPMAKESWAVES / CHRYSTA BELL / BLEEDING RAINBOW / AETHERLONE / DENA / ISLAJA /THE TABLETS / THE MISSING SEASON / WHOMADEWHO / NENEH CHERRY / KIDS OF MATHS / SINGE CHROMES / FOXHOUND

david-carroll-songsDavid Carroll – Songs of Love & Protest

A force chercher de nouveaux petits jeunes et de la nouveauté, on en oublierait les vieux briscards. David Carroll, Irlandais de France, n’est pas encore un vieux croulant et il n’est pas fermé aux nouvelles technologies : ayant été marqué par le hip hop, il n’est jamais contre programmé une petite boîte à  rythme. Mais force est de constater que le monsieur regarde quand même dans le rétroviseur, aimant par dessus tout la guitare et l’harmonica et trouvant surtout en Bob Dylan-Woody Guthrie-Bruce Springsteen la Sainte Trinité de ses influences. Comme eux, David Carroll se revendique de la Protest song : et donc derrière le caractère souvent enjoué de ses mélodies blues, country ou folk rock, le songwriter aborde des sujets graves (Black Leather Jacket, petite friandise entre guitares fifties et synthés n’échappe pas à  la règle. Le Vietnam est terminé mais la Guerre est partout et David Carroll, d’une belle voix, revendique en chanson son statut de Pacifist (chanson la plus sombre et bouleversante de l’album). Carroll le libertaire est sur tous les fronts (Wall street is burning, I can’t vote, Broken household blues). Un songwriter engagé, ça ne fait pas de mal…au contraire, c’est plutôt réjouissant. (3.0) Denis Zorgniotti
Milkmusic – Mars 2014

cover2am2 A.M. – Songs for Newborn To be

« Si vous n’aimez pas, n’en dégoutez pas les autres »…raté ! Les Italiens de 2 A.M. ne manquent pas de savoir-faire, maîtrisent leur sujet et devraient séduire un grand nombre d’amateur de rock enflammé et puissant. Pas moi…La faute à  une emphase un peu trop appuyée et surtout des mélodies téléphonées, des plans bateaux (l’écoute de I cannot cry est quand même une épreuve). Tout ceci n’est pas très fin, pas très nouveau non plus, en dépit des apports d’électronique mis ça et là  et parfaitement inutiles. L’esprit un peu FM nivelle tout et les moments plus calmes,  pourraient agrémenter musicalement une série américaine pour ados. Bof. (1.5) Denis Zorgniotti
Isaac Gravity Records – Avril 2014 Bandcamp

Sleepmakeswaves---In-Today-Sleepmakeswaves – In Today Already walks tomorrow

Moins de six mois après And so we destroyed everything, Sleepmakeswaves revient déjà  prêt à  en découdre à  coups de grosses guitares. Datant de 2008,,  In Today Already walks tomorrow est en fait leur premier fait d’armes et il doit sa ressortie au succès grandissant que rencontre le groupe en Australie. Le disque est annoncé comme un mini-album : 5 titres en effet mais quand même 37′ ! Au pays du post-rock tout est vraiment relatif. Le style proche de 65daysofstatics, Mogwai ou Mono est déjà  bien là  à  travers une musique instrumentale qui alterne, comme de bien entendu, moments hautement électriques voire telluriques et passages nettement plus apaisés et atmosphériques particulièrement réussis.,  Sleepmakeswaves a la bonne idée de ne jamais tomber ni dans l’inaudible, ni dans le »symphonisme » à  deux balles. Le groupe est toujours en équilibre et ravira les amateurs du genre. Et même au-delà . (3.5) Denis Zorgniotti
Monotreme records – Avril 2014
Bandcamp

Chrysta Bell – This Train

On sait David Lynch féru de productions atmosphériques. Avec son groupe, le réalisateur américain a su très vite se faire une place à  part dans le monde du rock avec des compostions étonnantes et sans égal. Cette fois il s’occupe de l’album de Chrysta Bell, une demoiselle à  la beauté troublante, en qui il semble avoir trouvé une muse à  sa mesure, et pour laquelle il a composé et produit cet album très sensuel. Sans surprise, on retrouve dans This Train, , toutes les caractéristiques propres à  l’univers de David Lynch, avec de la reverb’ à  gogo dans des complotions atmosphériques, lentes et voluptueuses, à  l’image de cette jeune femme dont le visage magnifique s’expose sur la pochette du disque. Un disque plein de charme et de mystère dans lequel la voix lascive de Chrysta Bell (qui rappelle par moment celle de Beth Gibbons de Portishead ou celle de Martina Topley Bird avec Tricky) se marie parfaitement avec les orchestrations raffinées, minimalistes et sinueuses d’un David Lynch décidément toujours très inspiré. (3.5) Benoît Richard
La Rose Noire / Differ-ant – Février 2014
Deezer

Bleeding Rainbow – Interrupt

Originaires , de Philadelphie, les filles de Bleeding Rainbow semblent tout droit débarquer des années 90 avec leur musique gorgée de sonorités indie-rock noisy qui évoqueront autant Sonic Youth que Lush ou My Bloody Valentine. , A peine moins portées sur la distorsion et le son heavy que leurs aînées de Hole ou de L7, notre quatuor ne ménage pas sa peine et sait envoyer les riffs qui sonnent pour donner du corps à  des compos globalement très efficaces , comme on avait déjà  pu s’en rendre compte sur leur précédent LP Yeah Right. Et si l’originalité n’est pas la force première de ces protégées du label label Kanine Records (Surfer Blood, Braids, Chairlift« ), elles parviennent malgré tout, avec un jeu de guitare extrêmement nerveux et loin d’être déplaisant, et surtout avec une belle énergie à  nous convaincre de l’intérêt qu’il peut y avoir à  écouter leur musique jusqu’au dernier larsen (3.5) Benoît Richard
Kanine Records / La Baleine – Février 2014 Bandcamp

Aetherlone – Aetherlone LP

Pour ce début d’année 2014, le label My Little Cab Records (My Name Is Nobody, Boy And The Echo Choir, The Missing Season, SR Félix,etc…) propose la sortie du premier album d’Aetherlone, le projet du multi-instrumentiste et ingénieur du son Sébastian Müller-Thür connu par un temps sous le nom d’Aether, avec un album paru en 2005 sur Ethylen Records. Aetherlone propose une musique pop atmosphérique très belle qui rappellera assez les premiers essais de Sébastien Schuller ou encore certains morceaux de Radiohead, Grandaddy ou pourquoi pas même Girls In Hawaii. Avec une dizaine de morceaux mid-tempo,  Aetherlone distille une mélancolie de tous les instants dans une musique indie-pop subtilement arrangée et très touchante, dominée par les guitares et les claviers avec, tout autour, une foule d’instruments qui viennent apporter une richesse supplémentaire à  l’ensemble.(4.0) Benoît Richard
My Little Cab records – Mars 2014 Bandcamp

DENA – Flash

Originaire de , Bulgarie, Dena Todorova s’est surtout révélée sur la scène berlinoise où elles s†˜est épanouie artistiquement au point de se faire remarquer d’abord par le label Kitsuné qui a publié début 2013 son single Diamond Rings, Swimming Pools, et puis donc par le label !K7 qui sort aujourd’hui son premier album. Comparé à  M.I.A. ou à  Santigold pour la similitude de leurs styles, la demoiselle délivre là  un premier album frais et immédiat, le genre de gourmandise pop à  laquelle on adhère immédiatement, sans calcul, histoire de profiter à  fond des quelques singles contenus à  l’intérieur. Flash, a sans doute les défauts de toute première production, mais il y a , indéniablement dans ce disque un potentiel qui ne demande qu’à  s’affirmer lors d’un prochain album. A suivre.(3.5) Benoît Richard
!K7 – Mars 2014 Soundcloud

islaja-suuIslaja – Suu

Sous la houlette de Gudrun Gut, le label féministe Monika Enterprise est toujours prompt à  dénicher et à  signer des artistes féminines à  l’univers marqué. Voici donc Islaja, jeune finlandaise, qui a déjà  sorti plusieurs albums, notamment sur le label de Thurston Moore., , S U U marque un tournant dans sa carrière. Premier véritable album solo, il tourne le dos à  son passé (récent) de musicienne folk. En effet, fidèle à  l’esthétique du label Allemand – la musique de S U U est avant tout électronique. En l’occurrence, la jeune femme semble avoir été marquée par les synthés tendance new wave qu’elle réinterprète dans une ornière nettement plus actuelle (très électro allemande justement). Ce minimalisme froid lui permet surtout de se lâcher dans ses vocaux, incarnant ses lignes de chant à  la manière d’une Siouxsie Sioux (version The Creatures, plus rythmique et plus »claviers »). Islaja aime jouer avec son organe, le désarticulant sur Skeleton Walk, passant en mode spoken word (Shit Hit The Fan) mais retrouvant par moment une fluidité nettement plus mélodique.,  Islaya passe de grande prêtresse à  elfe insaisissable : cela tombe bien la Finlandaise trouve son inspiration dans la mythologie finnoise (Siren Call, proche de aînées Bjork ou Bel Canto). Original. (3.5) Denis Zorgniotti
Monika Enterprise – Mars 2014
Soundcloud

thetabletsjpgThe Tablets – s/t

Il y a eu The Pipettes, voici The Tablets. Et c’est vrai que les deux ont en commun, au-delà  de la sonorité de leurs noms – de prendre leur source mélodique chez Phil Spector. In fine, le résultat est quand même différent ; peut-être car Liz Godoy (qui se cache derrière The Tablets) est bel et bien seule aux commandes de son projet. Plus mélancolique, ce premier album est aussi nettement plus tourné vers l’orgue Farfisa et les boîtes à  rythme : comme un relecture boudeuse et 80’s des Ronettes.Cette retro-fiction peut même se rapprocher un peu plus près de nous car The Tablets, loin de produire une musique totalement lisse, adjoint à  tout cela des ingrédients nettement plus dark :,  les saturations de guitare sont ici légions et ne sont que la partie audible la plus flagrante – les thèmes de synthés ne sont pas en reste quand il s’agit d’assombrir le propos – d’un album doux-amer qui ne caresse pas totalement dans le sens du poil. Il n’est d’ailleurs pas rare que sur scène, Liz Godoy soit rejointe par le groupe expérimental Tetsunori. Avec The Tablets, on s’éloigne très vite des Bananaramas pour se rapprocher de Lali Puna ou de Guther. Tant mieux, tout le monde y gagne (3.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Avril 2014
site

themissing-afterhoursThe Missing Season – Afterhours

On ne va y aller par quatre chemins, avec son quatrième album, The Missing Season peut rivaliser avec The National. Après avoir été folk/slowcore (il en reste des traces avec un Get Slow, suave comme du American Music Club), les Rennais passent de duo à  quintet. Ils gagnent ainsi en force et en confiance, sortant avec AfterHours ce qui pourrait apparaître comme d’emblée comme un classique indie rock, élégant et efficace. Avec une facilité et une évidence déconcertante, l’album trouve l’équilibre parfait entre électricité des guitares, support des claviers, et harmonie vocale. Car tout maîtrisé et riche qu’il soit, Afterhours ne laisse pas sur la route des mélodies que n’auraient pas reniés The National, Yo La Tengo ou même les Beach Boys (Partied Out). Rien à  redire, c’est du bel ouvrage. (4.0) Denis Zorgniotti
My Little Cab / Les Disques Normal / Differ-ant- Janvier 2014
Bandcamp

Who Made Who – Dreams

Depuis leurs débuts en 2005, les Danois de WhoMadeWho constituent un honnête groupe d’electro pop, marchant par exemple dans les traces de Royksopp ou de Hot Chip, en proposant des productions faciles,  à  écouter, faciles à  danser, flirtant par moment avec le,  disco, la new-wave, et le trip hop. Avec Dreams, les danois ont voulu viser un peu plus haut et sans doute toucher un plus large public.,  Bien mal en a pris à  Tomas Barfod, Tomas Hà¸ffding et Jeppe Kjellberg, puisque leur nouvel album s’avère être, pour le coup, l’un des plus faibles de leur discographie. La faute à  une production assez grassouillette et à  des chansons un brin trop ampoulées et téléphonées pour nous convaincre. Car à  force de ne plus vouloir se considérer comme un groupe »underground » les WhoMadeWho en ont fini par oublier les fondamentaux de ce qui faisait tout l’intérêt de leur musique. Résultat les voilà  prêt à  concourir pour l’Eurovision avec des chansons à  paillettes pompières et pour tout dire assez vulgaires.(2.0) Benoît Richard
Darupt Associates / Differ-ant – Février 2014

Neneh Cherry – Blank Project

Perdue de vue depuis des lustres, Neneh Cherry fait son retour en 2014, pas forcément là  ou on l’attendait, avec »Blank Project » son premier album depuis 1996. Sous la houlette de Four Tet et en compagnie du duo anglais RocketNumberNine qui a la particularité de jouer avec seulement des claviers une basse et une batterie et par ailleurs auteur d’un album formidable en 2013, Neneh Cherry fait un retour remarqué avec toujours cet art du contre-pied dont elle joue si bien depuis ses début. Après une première approcha assez déroutante, la faute à  une quasi absence de mélodie, on entre dans cet album en se raccrochant d’abord à  la voix de Neneh Cherry avant de succomber aux pulsations tribales et aux rythmes bouillonnants imprimés par les deux RocketNumberNine. Disque au style très libre (jazz ? electro ? rock ?), »Blank Project » s’inscrit finalement bien dans la carrière de cette artiste adepte de la fusion des genres et qui ne s’est jamais cantonnée à  un style en particulier. Chapeau ! (4.0) Benoît Richard
Smalltown Supersound / La Baleine – Février 2014


kidsofmathsgettysburgKids of Maths – Gettysburg EP

Encore un groupe de Rennes et – à  nouveau – un sacrément bon ! Pas vraiment kids, un peu math rock (sur un virevoltant I lost my friend in a field), le quatuor arrive à  concilier post punk et new wave, énergie et sensualité. La voix de Kaman, dans des intonations proches de celles de Robert Smith, y est pour beaucoup dans ce lyrisme qui jaillit derrière guitares et claviers. Une vraie machine de guerre (balançant des tubes comme d’autres des obus) , mais qui , cultive en permanence son côté humain de grand sensible.  Foals ou Bloc Party n’a qu’à  bien se tenir ! Gettysburg est bel et bien une victoire., (4.5) Denis Zorgniotti
Hip Hip Hip – Mars 2014 Bandcamp

Singe Chromés – Singe Chromés

Une voix presque aussi rauque et marquée par les abus que celle de Philippe Léotard, des textes qui évoquent ceux de Bashung ou de Noir Désir, un musique rock sombre et intense qui rappelle par moment celle des Young Gods, l’univers de Singe Chromés ne laisse pas vraiment indifférent. Dès la première écoute, les chansons de ce groupe emmené par Denis Scheubel, artiste underground et multicartes, à  la fois musicien, poète, peintre ou écrivain, font mouche et montrent tout de suite une vraie personnalité artistique, un style rare et unique. Que ce soit au par les textes, par les musiques aux relents indus ou par la dégaine du bonhomme (tu vois, le genre qui a pas mal bourlingué), Singe Chromés est une vraie découverte, de celles qui, sans bruit, s’impriment tout doucement en vous et vous donnent envie d’y revenir sans cesse. (4.0) Benoît Richard
MediaPop record – Mars 2014
Bandcamp

foxhoundFoxhound – In Primavera

Il souffle comme un parfum de printemps sur le bien-nommé In Primavera.Il faut dire que que les quatre Foxhound sont Italiens, ce qui naturellement les prédisposent plus à  des atmosphères rondes et ensoleillées que les Anglais de Happy Mondays ou les Danois de WhoMadeWho. Pourtant les deux groupes, peuvent être des références pour ces Turinois. Foxhound adoucit des attaques post-punk d’un groove disco (All alone in my Own,, Stars). Il y a du , Clash dans cette maîtrise rythmique, touchant parfois au dub (Just don’t Mind). Origine oblige, Foxhound révèle un coeur plus latin mais témoigne souvent d’une efficacité tout aussi grande et d’une morgue vocale tout aussi affirmée (entre Joe Strummer et Simon LeBon) L’ accent italien, en sus, n’est pas un mirage, sera un frein pour certains, une touche accrue de personnalité pour d’autres. (3.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Mars 2014
Deezer