Bienvenue à Marwen : nouveau ratage pour Robert Zemeckis

Cette fois c’est sûr on a perdu Robert Zemeckis qui signe avec Bienvenue à Marwen un film bizarre, hors du temps et ennuyeux où l’on voit un Steve Carell peu à son aise.

Bienvenue à Marwen
Copyright Universal Pictures International France

Même si Alliés n’était pas un chef-d’œuvre, loin s’en faut, ce thriller sur fond de Seconde Guerre Mondiale avec Brad Pitt et Marion Cottillard avait pour lui de divertir, d’être réalisé avec soin et de redonner un peu de confiance en la carrière de Robert Zemeckis. L’un des cinéastes qui a toujours le plus aimé explorer les nouvelles techniques à sa disposition à l’instar d’un James Cameron – souvenez-vous : Retour vers le futur, Forest Gump, La légende de Beowulf » et surtout Roger Rabitt – avait pourtant accusé un net recul qualitatif dans sa carrière avec des films tièdes ou ratés. Le voir s’entourer de Steve Carell pour mettre en images une drôle d’histoire vraie où il allait pouvoir mettre à profit des nouvelles techniques – ici l’animation de figurines type Barbie dans un décor réel, métaphore du subconscient du personnage principal et occupant bien la moitié du film – était pourtant encourageant.

Bienvenue à Marwen afficheLas, on se retrouve devant un film interminable dont on se se demande quelle mouche a bien pu piquer les producteurs pour valider une pareille histoire. La première scène est pourtant probante lorsqu’on voit ces figurines s’animer en temps de guerre dans un village belge en pleine Seconde Guerre Mondiale (oui encore). C’est techniquement irréprochable et novateur et plutôt original. Puis, bien vite, on se rend compte que cette histoire ne tient pas la route et que les parallèles entre ce que vit Mark, joué par Steve Carell, et ces histoires dans un monde imaginaires sont tirées par les cheveux, histoire vraie ou pas. La magie n’opère jamais et on s’ennuie ferme devant ces allers et retours entre animation et prises de vues réelles.

La morale est limpide, on parle de courage et d’affronter ses propres démons, mais c’est tellement balisé et déjà-vu que ça en devient risible. Et, c’est rare à souligner, mais Zemeckis a peut-être eu trop à faire avec la partie technique qu’il en a oublié de diriger ses acteurs tant ils ne jouent pas bien.

Steve Carell livre certainement là sa pire prestation. Plutôt que d’avoir de l’empathie pour son personnage, on le trouve plutôt déplaisant, plus proche du psychopathe que du martyr en convalescence. Et Leslie Mann joue sa partition de manière mécanique et sans aspérités comme l’ensemble des seconds rôles.
Au fur et à mesure qu’avance le film, on se désintéresse également des scènes en animation qui deviennent très répétitives pour une œuvre bien trop longue.
Les personnages féminins ne sont pas assez creusés et tout cela est cousu de fil blanc et bien avare en émotion.

Bref, Zemeckis devrait revenir à un cinéma plus humain, moins hors du temps et suranné, et se concentrer sur l’émotion plutôt que de faire joujou avec les nouvelles technologies. Cela ne lui réussit pas et aboutit à ce genre de film bizarre, tout comme l’était sa vision de The Walk, encore une histoire vraie sur l’homme qui a marché sur un fil entre les deux tours du World Trade Center. Un film éviter, car c’est ennuyeux en plus d’être déplaisant.

Rémy Fiers

Avec Steve Carell, Leslie Mann, Eiza Gonzalez…
Genre Drame
Durée : 1h 56min
Date de sortie 2 janvier 2019
Film Américain de Robert Zemeckis