Couleurs de l’incendie : une BD plus noire encore que le roman

Seconde incursion dans l’univers de Pierre Lemaître et nouvelle réussite pour Christian de Metter qui adapte avec brio Couleurs de l’incendie et fait ressortir toute la noirceur de l’histoire et des personnages.

Couleurs de l’incendie

Nous quittons l’après guerre 14-18, période durant laquelle se déroulait le premier volet de la trilogie Les enfants du désastre de Pierre Lemaître, Au revoir là-haut également adapté en bande dessinée chez . On retrouve dans cette nouvelle adaptation signée Christian de Metter (qui adaptera également Miroir de nos peines) Madeleine Péricourt qui n’était qu’un personnage secondaire dans le premier volet se retrouve au cour de l’histoire dans Couleurs de l’incendie.

Couleurs de l’incendieMadeleine est désormais à la tête de la banque Péricourt suite à la mort de son père Marcel. Mais voilà que le jour des funérailles de ce dernier, son jeune fils, Paul, se jette mystérieusement d’une fenêtre et retombe inanimé sur le cercueil de son grand-père. Pour quelle raison ce jeune garçon s’est il précipité par la fenêtre de l’immeuble dans lequel il se trouvait… seul ? La réponse à cette question va hanter une bonne partie du livre.

Dans un style graphique et narratif très similaire à Au revoir là-haut, Christian de Metter adapte avec brio ce roman fleuve en prêt de 170 pages. Car il fallait bien ça pour rendre toute la richesse de cette histoire aux multiples rebondissements et aux personnages pittoresques qui parsèment ce roman.

L’auteur des livres Le Sang des Valentine et Shutter Island réalise avec cette nouvelle adaptation un gros travail sur le dessin, toujours très pictural, et sur les couleurs en particulier, en parfaite harmonie avec le récit. Les décors que dessinent de Metter dans des teintes sombres illustrent bien l’atmosphère de cette période qui préfigure la seconde guerre mondiale
Les personnages également dégagent une forme de noirceur évidente avec ces aux visages graves d’hommes et de femmes pour la plupart, troubles pour ne pas dire fourbes, mesquins et calculateurs.

Globalement, De Metter a bien su restituer l’atmosphère du récit imaginé par Pierre Lemaître (sauf peut-être l’humour qui transparaît plus franchement dans le roman) sans négliger aucun des faits importants et des moments clés qui jalonnent cette histoire de de vengeance aussi jubilatoire que diabolique, malgré ses nombreuses intrigues et rebondissements. Du beau boulot !

Benoit RICHARD

Couleurs de l’incendie
Adaptation  du roman Pierre Lemaître
Scénario & dessin : Christian De Metter
Éditions Rue de Sèvres
176 pages – 22,50 euros
Sortie le 19 décembre 2020

extrait :