[Ciné Classique] Little Miss Sunshine : California Dreamin’

En 2006, sortait un petit bijou de ce cinéma indépendant Américain que l’on aime tant. Little Miss Sunshine tombait comme un cheveux sur la soupe dans une production Hollywoodienne survitaminée,  offrant ce regard si mélancolique sur cette Amérique oubliée. Un road-movie familial drôle et tendre donnant au milieu de ce cinoche Ricain préfabriqué, sur-fabriqué, une bouffée d’air frais salvatrice… Et en plus il y a Steve Carell !

LITTLE MISS SUNSHINE
© 20th century Fox
Papa est un coach de motivation. Il apprend aux autres à se battre, à se sortir les tripes pour continuer d’avancer. Mais c’est difficile de filer le moral aux autres quand le votre est au fond des chaussettes.

Maman est au foyer, et bosse plus que l’ensemble des salariés d’une municipalité de trente mille habitants et le tout sans toucher un rond.
Le grand frère est un ado mal dans sa peau (qui sans être un euphémisme, reste tout de même une redondance) qui ne rêve que de voltiger dans les airs et d’entrer à l’United States Air Force Academy. Il s’astreint à une discipline de fer en faisant voeu de silence et ferait mieux de couper cette mèche de cheveux gras qui se promène devant ses yeux.
Le grand-Père est une ordure de première. Vieil anar irrécupérable, viré de sa case à la maison de retraite pour injures répétées envers le personnel, harcèlement moral sur quelques pensionnaires grabataires et deal d’héroïne. Venu se refaire la cerise chez son « professionnel » de l’optimisme de fils.
L’oncle est un dépressif. Véritable orfèvre en la matière. Homosexuel, suicidaire et « plus grand spécialiste de Marcel Proust des Etats-Unis ». Un champion du monde du « cassage d’ambiance » en milieu urbain.
Et puis il y a Olive. Sept ans et presque toutes ses dents. Petite fille nature, rondelette et affublée de lunettes plus grande que son petit nez.

C’est lorsque Olive apprend qu’elle s’est qualifiée à Little Miss Sunshine, concours de mini-miss en californie, que l’aventure va véritablement démarrer.
En effet malgré tout ce qui sépare cette famille au bord de l’implosion, ils décident de s’unir, de faire bloc derrière Olive et ses rêves, et de l’accompagner à l’autre bout des Etats-Unis participer à ce concours de beauté.

Allez hop ! Toute la smala dans le mini-van familial brinquebalant et en route pour la côte Ouest.

C’est un cinéma Américain aux teintes délicieusement surannées.
Une péloche qui fleure bon la douce utopie libertaire post- soixante huitarde. C’est ce que le cinéma indépendant Américain sait faire de mieux.
Un scénario travaillé délicatement où les personnages sont finement développés, laissant les caractères, les particularités prendre pleinement leurs dimensions.
Les acteurs jouent leurs partitions à merveille, brodant au fil d’un scénar riche et intelligent une diversité émotionnelle digne de la grande comédie Italienne des années 60/70.
Mention spéciale pour le grand Steve Carell qui prouve qu’il est plus que cet acteur comique « made in Frat Pack » en dégageant une véritable puissance dramatique du fond de ses yeux bleus délavés.

C’est un road-movie familial.
C’est l’apprentissage de soi et des autres dans l’exiguïté d’un vieux mini-van.
On fait fi des réticences sociales, politiques, générationnelles pour les jolies rêves d’Olive.
L’aventure a démarré. Il faut aller jusqu’au bout. Rien ne pourra empêcher Olive de participer à son concours.
Ni l’usure du temps, ni l’usure des sentiments, ni même l’usure du mini-van.
RIEN ! La Californie n’est plus un rêve. Elle devient réalité.
 

little miss sunshine
© 20th century Fox

Et quelle réalité !
Ces concours de mini-miss ridicules et malsains, où ces enfants se transforment en vieilles pouffiasses Californiennes maquillées outrageusement au pistolet à peinture, un sourire faux-cul collé sur la tronche comme on ne pensait pas un enfant capable.
Ce sourire ultra-brite figé sur ces visages de mamies de 8 ans.
Ce putain de rêve Américain qui coule salement le long des joues de ces gamines, comme le maquillage horrible que ces mères moches et frustrées appliquent sur leur joujou à bouclettes blondes. Des mères dingos qui continuent de jouer à la poupée avec leurs propres gamines.

Mais Olive n’est pas de cette race de Barbie organiques.
Elle est beaucoup mieux que ça Olive !
Elle est rondelette, Olive.
Elle est myope aussi, Olive.
Elle n’a pas de très belles robes rose, Olive.
Mais Olive, elle les emmerde !
Elle les emmerde ces gamines déguisées en bourgeoises décrépites.
Elle montera sur scène. Elle y participera au concours de « Little Miss Sunshine » . Toute sa famille y participera à ce concours.
Et si Olive ne gagne pas ce concours, cette coupe ridicule de la petite fille la plus moche de l’Ouest Américain.
Elle aura gagné autre chose, Olive.
Quelque chose de bien plus important:

Une famille à nouveau réunie, soudée comme jamais et qui ne permettra jamais à sa jolie petite fille de se faire juger par quiconque.

Renaud ZBN

Little Miss Sunshine
Film Américain de Jonathan Dayton, Valerie Faris
Avec Abigail Breslin, Greg Kinnear, Paul Dano…
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h 40min
Date de sortie en salle 6 septembre 2006