Les meilleurs films de 2022 : le Top 10 de BENZINE et des lecteurs

Comme nous ne prétendrons jamais avoir systématiquement raison (mais quand même assez souvent, hein ?), nous avons décidé de compléter cette année notre Top 10 cinéma par le choix – très éclairé et éclairant – de nos lecteurs. Voici donc un résumé exhaustif d’une belle année de films.

Top 10 Films

Pour notre grand retour dans les salles après deux ans impactés par la pandémie, nombreux sont ceux qui se sont plaint d’une absence de grands films populaires et de blockbusters. Si ce n’est pas totalement vrai (le Top Gun Maverick de Tom Cruise a marqué les esprits, et James Cameron nous a enfin présenté son second Avatar), c’est surtout le cinéma d’auteur venu du monde entier qui a été, lui, particulièrement à la fête, démontrant si besoin est, la vitalité du 7ème Art.

Les 10 films de la rédaction de Benzine (classés par ordre alphabétique) :

As Bestas (Rodrigo Sorogoyen)

Depuis le temps qu’on suivait le travail de Rodrigo Sorogoyen et qu’on en parlait à tout le monde comme LE futur grand réalisateur espagnol, il fallait bien qu’arrive LE film que l’on attendait de lui : As Bestas, impressionnant thriller terrien, réalise enfin la synthèse des deux tendances du cinéma de Sorogoyen, la gestion exceptionnelle de la tension d’un côté, et la contemplation patiente de l’âme humaine de l’autre.

Bruno Reidal – Confession d’un meurtrier (Vincent le Port)

Vincent Le Port a signé avec Bruno Reidal – Confession d’un meurtrier, une première œuvre en tout point fascinante moralement, et impressionnante aussi dans ses volontés d’épure tout en étant d’une grande force expressive. Le Port élude dans son film toutes explications trop rationnelles, qu’elles soient sociales ou psychologiques, et privilégie à la place la lutte d’un jeune homme contre ce qu’il sait être, et contre la profonde inéluctabilité du tragique.

Decision to Leave (Park Chan-Wook)

Decision to Leave est pétri d’intelligence : intelligence d’une mise en scène qui transcende en permanence le scénario, et qui voit Park Chan-Wook abandonner ses ficelles spectaculaires ; intelligence dans les références subtiles à Hitchcock et son Vertigo ; intelligence dans la manière dont la subtile incompréhension née de l’utilisation de deux langues par les protagonistes – le coréen et le chinois – nourrit l’ambiguïté des situations… Intelligence finalement de nous amener à une conclusion sublime, où l’Amour importe mille fois plus que l’intelligence, justement !

EO (Jerzy Skolimowski)

EO est d’abord une sorte de remake actualisé d’Au hasard Balthazar qui voit un âne au regard mélancolique trimballé de mains en mains, de cirque en forêts, de plaines en routes, d’épreuves en malheurs, faisant ainsi l’expérience de la barbarie de notre monde et des paradoxes de l’espèce humaine. Mais, Jerzy Skolimowski, en grande forme, nous propose surtout une cartographie du chaos qui nous anime, une fable engagée et animaliste qu’il projette vers des territoires singuliers et sidérants, voire qu’il transforme en trip expérimental.

Godland (Hlynur Pálmason)

Pour son troisième film, Pálmason livre une œuvre aride, mais superbe, sachant capter à merveille les beautés incroyables des paysages islandais. En ravir les lignes et les configurations, la matière, vivante ou putréfiée, l’organique et le minéral, l’élémentaire enfin, des ciels inconstants aux étendues infinies. À ces envoûtements esthétiques permanents se juxtapose une réflexion sur les faillibilités de l’Homme, qu’il soit de Dieu ou, disons, “simple mortel, et des deux, Pálmason en observe la violence tristement commune qui, au fil des saisons, laissera son empreinte à la terre.

The Green Knight (David Lowery)

Si le propos de The Green Knight n’a rien de bien nouveau (c’est là l’éternel périple initiatique parsemé d’embûches et de rencontres hyper signifiantes, l’éternelle Odyssée homérique), c’est dans son traitement que Lowery fait des merveilles : une narration tantôt alanguie, tantôt heurtée, toujours fluide même dans ses quelques facéties temporelles ; une mise en scène qui compose, enlumine, cisèle. Chaque plan est harmonie, chaque plan est tableau, repensant à sa façon, contemplative et singulière, l’imagerie d’une heroic fantasy de rêve dont, toujours, on voudrait s’abreuver.

Leila et ses Frères (Saeed Roustaee)

Dense dans ses thématiques (toute-puissance de l’argent, appauvrissement de la classe moyenne, patriarcat, éducation, schismes générationnels…), dans la construction de son récit et la caractérisation de ses personnages, Leila et ses frères nous entraîne grâce à une mécanique narrative implacable dans une spirale de désillusions, de mensonges et de vérités mettant à mal l’équilibre d’une famille au bord de l’implosion. Saeed Roustaee y porte un regard cruel mais lucide sur les dérèglements moraux et économiques de son pays.

Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)

Le réjouissant et délicieux Licorice Pizza confirme que P. T. Anderson continue à tenir la grande forme, et allège de plus en plus son cinéma pour se rapprocher du cœur battant de ses personnages. Même si le film bénéficie d’une ambigüité assumée entre la célébration d’une énergie créatrice typique d’une époque optimiste et le recul apporté par notre point de vue contemporain, il est l’un des plus formidables « divertissements » de 2022, avec son enchaînement de situations absurdes et de collisions avec des personnes lunaires.

La Nuit du 12 (Dominik Moll)

Film policier réaliste, sec, débarrassé du moindre spectaculaire, qui ose annoncer depuis le début qu’il sera sans issue, la Nuit du 12 s’avère donc une sorte d’anti-récit. Dominik Moll assume de faire face à l’impasse, pour dresser un constat accablant (et régulièrement bouleversant) de ces fractures incompréhensibles qui séparent les générations, et surtout les hommes des femmes : dans un monde où quiconque peut trouver un mobile à l’immolation, la vérité n’est plus qu’un holocauste généralisé, dans lequel victimes et coupables restent indéterminés.

Trois mille ans à t’attendre (George Miller)

Trois Mille Ans à t’Attendre est un film important, politique même, parce que, dans un monde « moderne » qui se rétrécit, il nous rappelle la beauté de l’humanité, de la diversité, et surtout l’importance des histoires : mythologies, philosophies, faits historiques, tout foisonne ici, et tout fait finalement sens. Notre monde est merveilleux, divers, coloré, et le cinéma de George Miller nous remplit les yeux, les oreilles, le cœur de splendeur. Trois Mille Ans à t’Attendre est avant tout un éloge de la croyance, de la générosité de l’âme, et de l’intelligence.

Les choix de nos lecteurs :

Les lecteurs de Benzine aiment profondément le Cinéma, et leurs choix en témoignent : dans ce bel équilibre entre films populaires mais intelligents et œuvres plus exigeantes, nous voyons de quoi nous réjouir que la France reste un pays aux valeurs cinéphiliques confirmées.

 

  1. Liquorice Pizza (PT Anderson)
  2. As Bestas (Rodrigo Sorogoyen)
  3. La Nuit du 12 (Dominik Moll)
  4. Nightmare Alley (Guillermo del Toro)
  5. The Batman (Matt Reeves)
  6. Decision to Leave (Park Chan Wook)
  7. Top Gun Maverick (Joseph Kosinski)
  8. Armageddon Times (James Gray)
  9. Les Amandiers (Valérie Bruni Tedeschi)
  10. The Innocents (Eskil Vogt)

Les gagnants de notre grand tirage au sort seront informés directement via l’adresse mail qu’ils nous ont communiquée.

Les choix de nos rédacteurs :

Peu de films en commun dans les listes qu’on établies nos rédacteurs, d’où la difficulté de trouver un Top 10 qui fédère un minimum l’équipe : retenir ou pas Sans Filtre, un film aimé par certains, et détesté par d’autres est une question difficile, par exemple ! Si l’on peut donc déplorer l’absence d’une grosse locomotive qui fasse l’unanimité (pas de Parasite en 2022, pour faire simple !), on ne peut que se réjouir de la prolifération d’œuvres originales et singulières, parfois confidentielles ou difficiles, qui nous ont enthousiasmés.

Sergent Pepper

 

  1. Godland (Hlynur Palmason)
  2. EO (Jerzy Skolimowski)
  3. Les Passagers de la Nuit (Mikhaël Hers)
  4. Bruno Reidal – Confession d’un meurtrier (Vincent le Port)
  5. Leila et ses Frères (Saeed Roustaee)
  6. En Nous (Régis Sauder)
  7. Decision to Leave (Park Chan-Wook)
  8. La Nuit du 12 (Dominik Moll)
  9. Nope (Jordan Peele)
  10. L’innocent (Louis Garrel)

Michael Pige

 

  1. Bruno Reidal – Confession d’un meurtrier (Vincent le Port)
  2. Godland (Hlynur Palmason)
  3. You Won’t Be Alone (Goran Stolevski)
  4. Les Amandiers (Valéria Bruni-Tedeschi)
  5. Men (Alex Garland)
  6. Sans filtre (Ruben Östlund)
  7. EO (Jerzy Skolimowski)
  8. Corsage (Marie Kreutzer)
  9. Piccolo corpo (Laura Samani)
  10. Leila et ses Frères (Saeed Roustaee)

Mathias François

 

  1. The Green Knight (David Lowery)
  2. Trois mille ans à t’attendre (George Miller)
  3. Pinocchio (Guillermo Del Toro)
  4. The Northman (Robert Eggers)
  5. Freaks Out (Gabriele Mainetti)
  6. Everything Everywhere All At Once (The Daniels)
  7. The Innocents (Eskil Vogt)
  8. Decision To Leave (Park Chan-Wook)
  9. Spencer (Pablo Larrain)
  10. Vesper Chronicles (Kristina Buozyte et Bruno Samper)

Ordell Robbie

 

  1. RRR (S. S. Rajamouli)
  2. Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)
  3. Inu-Oh (Masaaki Yuasa)
  4. Sous le ciel de Koutaïssi (Alexandre Koberidze)
  5. Il buco (Michelangelo Frammartino)
  6. The Green Knight (David Lowery)
  7. Pacifiction – Tourment sur les îles (Albert Serra)
  8. Les Travaux et les Jours (C.W. Winter et Anders Edström)
  9. Ennio (Giuseppe Tornatore)
  10. Vitalina Varela (Pedro Costa)

Benoît Richard

 

  1. Sans filtre (Ruben Östlund)
  2. Elvis (Baz Luhrmann)
  3. As Bestas (Rodrigo Sorogoyen)
  4. Varsovie 83 – Une affaire d’état (Jan P. Matuszynski)
  5. Leila et ses Frères (Saeed Roustaee)
  6. Freaks Out (Gabriele Mainetti)
  7. La Conspiration du Caire (Tarik Saleh)
  8. Nightmare Alley (Guillermo del Toro)
  9. Decision to Leave (Park Chan-Wook)
  10. Marché noir (Abbas Amini)

Eric Debarnot

 

  1. Licorice Pizza (PT Anderson)
  2. As Bestas (Rodrigo Sorogoyen)
  3. EO (Jerzy Skolimowski)
  4. Saint Omer (Alice Diop)
  5. Decision to Leave (Park Chan-Wook)
  6. Chronique d’une Liaison Passagère (Emmanuel Mouret)
  7. Trois Mille Ans à t’attendre (George Miller)
  8. La Nuit du 12 (Dominik Moll)
  9. Contes du Hasard et autres Fantaisies (Ryûske Hamaguchi)
  10. Les Crimes du Futur (David Cronenberg)