GEORGIA – Euphoric : danse solitaire

Artiste émérite, Georgia Barnes confirme un savoir faire avec son  album Euphoric, motivé par ses virées nocturnes berlinoises, mais au final peu inspiré.

Georgia-2023
© Will Spooner/Domino

Georgia Barnes ne se contente pas d’être une batteuse et productrice confirmée, la Londonienne peut aussi se targuer d’avoir obtenu la reconnaissance de ses pairs. Il suffit de jeter un coup d’œil à ses nombreuses nominations: Mercury Price, NME et MTV Awards. Accessoirement, son père, Neil Barnes, est membre du duo électronique anglais Leftfield.

GEORGIA - EuphoricEuphoric est son troisième album, et le premier qu’elle a coproduit avec Rostam Batmanglij, ex-membre du groupe américain indie-pop Vampire Weekend. Et c’est à Los Angeles qu’elle entame un nouveau départ artistique « j’ai pu m’éloignerde mes problèmes, de mon passé, de mes défauts et passer au processus de guérison ». On n’en saura pas plus.

Dès le premier titre écrit à quatre mains – It’sEuphoric -, Georgia se joue d’un minimalisme bienvenu, aidé d’un rythme qui claque et d’une basse volatile.  Sa voix affirmée et intimiste surfe sur la mélodie au gré des filtres utilisés et des sonorités à la mode. Le chant, pièce maîtresse du disque, est mis en valeur par une production qui se veut avant-gardiste mais qui, au final, respire la MAO à plein nez : entendez des sons chimiques et confortables ultra compressés.

Aussi sur Give It Up For Love, un groove tranquille sur un air déjà entendu chez Madonna sert de matrice. La guitare funky et d’autres ingrédients assurent le calibrage de la chanson. Plus loin, un piano typé italian disco vient sauver Some Things You’ll Never Know et mettre un peu de piquant dans la composition quelque peu redondante, et ce malgré les efforts vocaux de Georgia Barnes. Enfin, un séquenceur ouvre la voie aux ondulations et autres sons acides qu’une salutaire  basse à la Peter Hook vient narguer. Beaucoup d’effets sur ce Mountain Song qui remplit malgré tout son rôle sous les sunlights des tropiques. Mais le pire n’est jamais loin,  sur All Night, le passage celtique pique tout autant que  le vocodeur utilisé.

Séquence émotion, Live Like We Are Dancing (part 2) se pare d’une douce mélancolie chaloupée alors que l’énergique et très 80’s – The Dream – dispache de belles sonorités électroniques, tel un hommage incertain à Aha. L’usage de breaks filtrés y casse la dynamique, mais Georgia connait ses classiques, et c’est un gros son de clavier estampillé BasementJaxx qui fait décoller le titre… que Keep On va s’empresser de calmer, revenant à une convenance flinguée par un gloubi-boulga sonore. Dès les premières notes de Friends Will Never Let You Go, on sait  que les plugins ont été rentabilisés, tant la production de Rostam reste sans surprise. Enfin, il pleut des cordes sur So What et Georgia règle ses comptes aux émotions passées. Sans doute avec sincérité.

Malgré tout, se dégage d’Euphoric une sensibilité et un sens mélodique qui pâtissent d’un traitement trop prétentieux.  Dommage.

Mathieu Marmillot

Georgia – Euphoric
Label : Domino Recording
Date de sortie : 28 juillet 2023