Skyway Man – Flight of the Long Distance Healer : inventif et radieux !

L’américain James Wallace, par le biais de son projet Skyway Man, nous transporte pour la troisième fois dans les nuages avec ce Flight Of The Long Distance Healer, un disque lumineux et plein de ses recherches, touffu et ardent.

© Angelina Castillo

L’histoire de la musique égrène son chapelet de doux dingues, les fous furieux et les simples allumés du bocal. Ceux qui sont juste agités et ceux qui sont trop nombreux dans leurs têtes. Ceux qui poursuivent un concept étrange, un peu fumeux, ceux que l’on appelle des illuminés. D’autres énergumènes savent être plus inquiétants quand d’autres prêtent à sourire.  Certains n’auraient jamais dû quitter leur hôpital psychiatrique quand d’autres savent nous laisser une voie d’entrée pour leur monde parallèle.

L’américain James Wallace est de ces individus cabossés et lire le concept de départ à la base de son projet Skyway Man nous laisse présager de la psyché un peu dérangée de son auteur. Il y a plus de dix ans, par une nuit d’été agitée dans une ville universitaire de Blue Ridge Mountain, James Wallace et un ami – tous deux récemment diplômés, tous deux en cours de formation – ont grimpé dans le grenier d’un garage de motos inoccupé depuis longtemps. En fouillant à la lueur d’une lampe de poche, en passant devant des réservoirs de gaz, un grand métier à tisser et une pile de vêtements pourris, James est tombé sur une boîte qui, une fois ouverte, serait le premier pas sur le futur chemin de Skyway Man. À l’intérieur se trouvaient près d’une centaine de lettres, datant en gros de 1987 à 1993, d’un autre James – le Dr James Cyr (« Seer ») – et toutes adressées à une femme nommée Kate. Elles parlent d’une pratique spirituelle centrée sur les extraterrestres.

James Wallace y saisit  des informations qu’il a glanées par télépathie et de l’avènement d’une nouvelle ère pour la planète. Le destin, ou une longue recherche, a fini par réunir les deux James, et plus tard encore, avec Kate, la destinataire elle-même. Comme un rêve dont on ne peut se défaire au réveil, l’impact de cette rencontre ne s’est jamais estompé, s’inscrivant pleinement dans le cadre de toutes ses créations futures. Faut-il prendre au pied de la lettre toutes ces pensées un peu volatiles ? Pas sûr. Ce qui est sûr c’est que Skyway Man pousse le concept jusque son plus lointain retranchement.

Flight of the Long Distance Healer offre l’opportunité à James Wallace d’incarner différents personnages, d’emprunter telle ou telle position, d’émettre telle ou telle opinion, quitte à se contredire. Comme tout délire schizophrénique qui se respecte, il est bien difficile de cerner la moindre incohérence dans ce disque pourtant ouvert pour ne pas dire bordélique. Par sa volonté à vouloir se saisir des grands espaces infinis, Skyway Man s’inscrit dans cette lignée de disques de Rock Progressif mais pas que. La versatilité de James Wallace évoque le T Rex de Marc Bolan autant que le Todd Rundgren de A Wizard, a True Star (1973). Contrairement à Rundgren, James Wallace n’a pas besoin de libérer son imagination par l’usage de produits stupéfiants. La folie est là pour celà.

Toutefois, même si Flight of the Long Distance Healer expérimente, il n’est jamais expérimental ni hermétique. On peut traduire son caractère foutraque comme une auberge espagnole ouverte à tous, les fenêtres largement aérées. Cet Opéra cosmique entre psychédélisme, folk et country distille des humeurs au climat Feel Good.

Parfois, la folie peut vous rendre heureux, elle dévoile cette petite part de magie que l’on croyait perdue.

Greg Bod

Skyway Man – Flight of the Long Distance Healer
Label : Mama Bird Recordings
Sortie le 03 novembre 2023