« Power, Corruption & Lies – Un Album Culte » : Ils firent danser la New Wave

Documentaire sur le second album de New Order, Power, Corruption & Lies – Un Album Culte rappelle que les Mancuniens avaient décloisonné les frontières musicales dès le début des années 1980.

New order 1983

Il est possible de contester le rôle-clé dans le développement de New Order attribué à Power, Corruption & Lies par le documentaire de la série Record On. La thèse de Power, Corruption & Lies – Un Album Culte fonctionne à condition de ne raisonner qu’en terme d’albums. Après un Movement encore dans l’ombre de Joy Division, ce second album porte l’identité New Order. Mais on parle d’un groupe dont le meilleur se situe dans les singles. Et dans ce cas le moment où l’identité du groupe apparaît pour la première fois sous une forme aboutie serait plutôt le génial single Blue Monday, d’ailleurs évoqué.

Principalement composé d’interviews du groupe et de ses collaborateurs, le documentaire raconte surtout comment New Order a construit sa signature sonore et celle du design de ses pochettes de disques au lendemain du suicide de Ian Curtis. Avec un peu de contextualisation sur l’ère Thatcher et sur la division en tribus (Rock, Disco…) des amateurs de musique de la fin des années 1970. Une fracture que New Order brisera en rassemblant fans de New Wave et clubbers.

Au moment d’évoquer l’attitude du groupe méprisant l’aspect promotionnel, il aurait été cependant préférable de rappeler ce dont le groupe prenait le contrepied : l’importance prise par le marketing au détriment du contenu dans la musique au début des années 1980. Et ce d’autant plus que le camp du refus de la logique marketing a perdu aujourd’hui, même dans la musique indépendante.

Le documentaire commence par évoquer la construction du groupe sur les cendres de Joy Division. Des musiciens voulant continuer à exercer leur activité, Gillian Gilbert dont l’arrivée permet de retrouver la formule quatuor de Joy Division. Tandis que Bernard Sumner se forme au chant sur le temps avec les concerts et qu’un fonctionnement démocratique se substitue au rôle central du frontman décédé. Les voyages à New York et l’immersion dans la club culture vont construire le son du groupe. Le passage sur Blue Monday fait, lui, double emploi avec le bouquin publié chez Le Boulon.

Plus intéressant est le récit de la manière dont le directeur artistique Peter Saville finit par trouver le design de la pochette de Power, Corruption & Lies, titre piqué à une quatrième de couverture du roman 1984. La description de l’enregistrement est moins palpitante car à ce moment-là le groupe a trouvé sa vitesse de croisière. La présence d’extraits de concerts a en revanche le mérite de raconter le mélange de club culture et de froideur kraftwerkienne du groupe sur scène.

On pourrait enfin reprocher à ce documentaire de ne pas chercher à aborder un élément important du son du groupe : comment la basse de Peter Hook a fini par jouer le rôle traditionnel de la lead guitar. Pour un travail ne relevant aucunement du documentaire musical majeur, mais rappelant la dimension contemporaine de l’approche musicale de New Order.

Ordell Robbie

Power, Corruption & Lies – Un Album Culte
Documentaire de David Barnard
Durée : 1 heure 13 minutes
Disponible sur arte.tv jusqu’au 31 mars 2025

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