Emmanuel Tugny & the Lady Guaiba’s Swing Band – Une Fille Pop

Emmanuel Tugny est une de ses personnalités fantasques qui peuplent parfois la pop music. Dilettante doué, l’homme est à  la fois diplomate, écrivain, poète, chroniqueur, et… musicien., Il a vécu au brésil, en Russie et semble toujours partant pour aller explorer encore d’autres contrées du globe, tant qu’il y a à  apprendre et à  profiter. Leader de Molypop, initiateur avec Olivier Mellano du projet Ralbum rouge qui regroupe musiciens et écrivains, Tugny a franchi le pas de l’album solo en 2009 avec So. Mais l’envie de jouer collectif et de partager ses passions musicales avec d’autres compagnons de route s’est vite fait sentir. Il s’entoure donc d’un improbable The Lady Guaiba ‘s Swing Band, collectif à  géométrie variable que l’on découvre sur l’album EmilyandIwe.

Bénéficiant de la présence clin d’oeil de Alain Maneval ou de Sophie Fontanel et celle plus conséquente de Sapho, Silvain Vanot ou John Greaves,, , Une fille pop est un, disque qui se veut plus direct, plus évident par rapport au précédent…Un vrai album pop en fait comme on faisait dans les années 60/70 et dont Tugny et ses amis restituent le charme par une instrumentation chaude. Avec lui, fils de Gainsbourg, ami possible,  de My Concubine voire de Benjamin Biolay, les arrangements chatoyants,  évoqueraient même le psychédélisme de Pierre Henry et d’André Popp sur le tonitruant No way back Home avec mellotron, trompette, trombone et moog(à  vous donner envie de porter une robe Paco Rabanne dans un décor bubblegum). Sur cette musique ouvragée, Tugny arrive à  poser des mélodies graciles, parfois bucoliques (Je t’épouse en rentrant).

Mais le Français Globe-Trotter n’appartient pas à  une seule chapelle : l’adjectif Gainsburien ne peut pas totalement s’appliquer à  lui si ce n’est qu’il aime lui aussi faire rythmer les mots (Une fille Pop) et que ses influences sont aussi anglo-saxonnes (il reprend d’ailleurs Lay Lady Lay de Dylan, désormais plus pop orchestrale avec voix soul, que folk). Il y a du Bashung dans Ni Dieu ni Maître, sorte de revanche à  Osez Joséphine où la femme (Sapho, quelle présence !) fait jeu égal avec l’homme. Et du Yves Simon dans le timbre parlé chanté suave d’ Emmanuel Tugny.

De ses voyages, Tugny a ramené quelques souvenirs musicaux : un traditionnel russe (Russalka), une chanson folklorique brésilienne (Se Nao Chuver). Mais parfois le legs que le musicien-poète, doit à  ses voyages se traduit de manière plus diffuse par quelques instruments »world » qui parsèment le disque (sitar, tabla, cuica, tampura, bouzouki…), donnant parfois une fine touche exotique à  la musique (Au bon air).

Autre particularité du disque, la place laissée au texte :, la poésie, pointe,  le bout de son nez dans un disque de pop, art mineur que, l’on pratique ici, avec goût et talent. , Henri Michaux, Lewis Carroll et le contemporain Francis Ponge sur Le parti-pris des choses. Comme si au final, Emmanuel Tugny, intellectuel, esthète, et voyageur, avait voulu résumer en un seul disque homogène toutes les facettes de sa personnalité.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 24 Octobre 2011
Label / Distributeur : Vila Mariana / Socadisc

Video d’Une fille pop