Garciaphone – Constancia

Joie des retrouvailles, même en d’autres endroits. Retrouvé sur un label différent, le groupe Garciaphone confirme avec aisance les espoirs qu’il avait fait naître il y a deux ans.

Passé du label auvergnat Kütu Folk à  l’indispensable Talitres bordelais présidé par Sean Bouchard, le projet d’Olivier Perez est devenu un vrai trio rock dont la musique, franche et directe, ne peut qu’atteindre du premier coup l’oreille de l’auditeur.

Déjà  à  l’oeuvre sur son bel EP introductif Divisadora qui affichait autant des racines folk à  la Elliott Smith que plus rock, l’amour de l’auvergnat pour le meilleur de l’indie rock US, affiche sur ce bien nommé Constancia une forme éclatante. Concision des compositions, précision de l’écriture, efficacité électrique du son : autant d’atouts d’un disque pourtant produit à  Angers au studio Black Box pour une jolie réussite qui perpétue avec vigueur celles de grandes signatures d’un genre pourtant, si américain.

Si à  son écoute, parmi bien d’autres, les noms de Grandaddy et Pavement s’imposent d’emblée, rien d’étonnant. En petit cousin français de Jason Lytle ou Stephen Malkmus, l’ex batteur ressuscite le meilleur du rock lo-fi, celui qui fit les beaux jours du rock indépendant des années 90, qui continue sans peine à  rayonner sur notre actuelle décennie.

Peaufiné par le producteur et ingénieur du son Peter Demiel avec un vrai sens de la lisibilité, la balade nord-américaine de Garciaphone ne se contente pas seulement d’évoquer des grands noms aimés (aux deux déjà  cités, on ajoutera Swell, Idaho ou Sebadoh), elle convie surtout l’esprit de partage d’une musique toujours placée sous le signe de la liberté.

Une virée qui brille aussi par sa modestie fraternelle, alternant embardées rock plein pot aux doubles guitares (Play Messiah, Bad Shepherd), plages intimistes accueillantes (Pt. Cabrillo, Two Wounded Hearts) ou irrésistibles bombes indie rock immédiatement adoptées (les tellement »grandaddyiennes » Tourism et une Tornadoes déjà  croisée sur Divisidora) qu’on croirait chipées sur l’établi de travail de l’ami Jason Lytle.

Relecture généreuse et limpide d’un pan décidément increvable du rock moderne, ce Constancia sans esbroufe mais toujours lumineux comblera autant votre envie de jouer les fortes têtes adeptes de refrains revigorants que vos humeurs plus saturniennes en quête d’apaisement. Un chouette album qui confirme, à  l’instar du récent Off The Map de H-Burns, que nos petits français, quand ils le veulent, peuvent chausser les mêmes skates ou emprunter les mêmes highways de traverse que leurs aînés et cousins d’outre-atlantique.

Car, oui,, l’esprit du slacker est en Garciaphone.

Franck Rousselot


GarciaphoneConstancia
Label : Talitres / Differ-Ant
Date de sortie : 22 avril 2013

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