Kafka – L’Architecte

kafka-larchitecteKafka a toujours recherché les défis en marquant ses références et cela, en allant bien au-delà  du seul champs musical. Avec L’architecte, il trouve le cadre artistique pour titiller votre imagination.

 Le trio de Kafka est totalement symptomatique de cet état d’esprit fait d’exigence et de prise de risque. Cela fait plus de dix ans que le trio existe et avec l’Architecte, s’attaque à  nouveau, après Geografia, bande-son d’un spectacle de danse,  à  un projet conceptuel faisant appel à  différents supports. Né pour un ciné-concert, l’album est un parfait exemple de mise en abime et de travail pluridisciplinaire. Collaborant avec l’artiste contemporain Marc Bauer, l’album raconte l’histoire d’un enfant qui, saisi de terreur durant la projection de Nosferatu le vampire,  en 1923, a une vision de son futur. Le film de Murnau est lui-même souvent perçu comme prémonitoire des années de nazisme à  venir. Cet enfant en est donc l’incarnation physique et ce disque la musique qui l’accompagne.

Pour l’Architecte – l’album, il faudra donc se contenter de cette bande-son ; il n’y a pas trace des dessins de Bauer, si ce n’est sur la pochette du disque et cette image d’enfant au regard halluciné. Mais cette connaissance préalable donne un sens connexe et une direction de lecture à  une musique 100% instrumentale. On essaiera donc de déceler dans la musique, l’expressionnisme des images et l’angoisse progressive de cette mise en abime doublée d’un flash forward. Et de cela, proposant une version enrichie de son post-rock d’origine,  Kafka y arrive totalement, donnant à  voir sa musique : le groupe passe d’une certaine sérénité en début du récit (le château) à  la montée d’un trouble indéfinissable (Théâtre), d’une violence sourde qui s’invite par moments dans l’album à  la folie d’une musique concrète qui s’emballe dans une rythmique motorik avec des saturations de guitares mimant les sirènes stridentes d’un train. Sortant du cadre stricto sensu guitare-basse-batterie, Kafka trouve en Emmanuel Siachoua, un précieux quatrième homme. Son vibraphone, tour à  tour lumineux ou angoissant, oriente le récit…pardon l’album, dans des sens contradictoires. Sur L’architecte (thème 1), ce sont des accords plaqués de synthés qui donnent une touche John Carpenter à  la musique. Car il ne faut pas s’y tromper, Kafka surfe sur la musique progressive, le psychédélisme ou la musique contemporaine pour arriver à  ses fins. On n’a dès lors qu’une envie, voir le groupe sur scène.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 8 décembre 2013
Label : Gnougn Records / Kafka Corp

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