Festival de Cannes 2016 J+2 : le résumé du 13 mai

De l’amour et du cannibalisme, de la précarité et de l’entraide, un peuple martyrisé et un divorce compliqué… c’est ce qui nous attendait ce vendredi 13 mai dans les salles cannoises.

Photo - Moi, Daniel Blake - ken Loach

Cette année à Cannes, la sécurité est renforcée pour les raisons que vous savez. Si au cours des années précédentes, on était contraint de laissez notre bouteille d’eau au contrôle, pour cette édition, le festivalier doit en plus laisser toutes les victuailles que peut contenir son sac avant d’entrer dans la salle. Exit don les barres de céréales, paquets de gâteaux et autres tablettes de chocolat. En 2016, le Festival œuvre pour éviter le grignotage entre les repas ! Au début, on est un peu contrarié par tant de précautions, et les jours suivants on use de diverses ruses pour faire passer en douce ce qui nous permettra d’éviter la fringale entre deux projections. Chacun sa technique… la mienne est infaillible !

On attaque ce jour 2 avec le très attendu Ma Loute de Bruno Dumont qui sort au même moment en salle, dans toute la France. Malheureusement, le cinéaste ne transforme pas l’essai P’tit Quinquin. Il nous présente un film visuellement splendide mais franchement très long, souvent agaçant avec des personnages réduits à n’être que des pantins sans consistance hormis les deux jeunes amoureux que sont Billie et Ma Loute. Une comédie policière, certes burlesque, mais très bavarde et dont le comique semble ici atteindre ses limites avec un Luchini décalé mais fatigant à la longue. Malgré tout, le jury pourrait être séduit par l’originalité du projet et lui donner un prix.

Photo Ma loute - Bruno Dumont

Le temps d’avaler un café servi par des hôtesses toujours aussi aimables et accueillantes au stand Nespresso, on file voir le nouveau Ken Loach dont on n’attend, il faut bien le dire, pas grand chose. Et ô miracle, le cinéaste anglais sort de sa retraite pour nous servir un grand cru ! Moi, Daniel Blake c’est le retour du pur cinéma Loachien ! Ce film raconte les difficultés rencontrées par un menuisier d’un soixantaine d’années qui se trouve dans l’impossibilité de travailler pour des raisons médicales et qui doit se battre pour bénéficier de ses indemnités de chômage. Avec ce nouveau drame encré dans une réalité très actuelle, Loach vise juste en pointant du doigt les absurdités du système administratif anglais (et pas que !) qui met la pression sur les gens en situation précaire en les culpabilisant et en essayant de réduire leurs prestations. Un film, juste fort et bouleversant qui rend hommage à ceux qui luttent pour s’en sortir dans une époque où la place de l’humain est sans cesse réduite. Messieurs les jurés, débrouillez-vous comme voulez, mais j’exige un prix palmé pour ce film !

Le temps à Cannes est superbe en ce vendredi, alors on profite quelques minutes de la douce brise qui souffle sur la Croisette avant d’aller retrouver le sympathique et jovial Rithy Panh venu présenter son nouvel essai, Exil, présenté en séance spéciale. Dans une forme très poétique, il revient une fois encore sur son enfance au Cambodge, au temps des Khmers rouges. On y entend un texte profond et mélancolique (comme dans L’image manquante) sur fond de décor de petit théâtre abstrait et d’image d’archives entremêlées. Un pur moment de grâce et d’intimée qui contraste terriblement avec ce monde cannois fait d’outrance et de démesure. Oui, monsieur, c’est ça aussi le Festival de Cannes !

Photo L'économie du couple

Décidément, ce vendredi sera placé sous le signe de l’émotion forte  et du cœur qui se serre dans la poitrine, avec pour finir, le nouveau long-métrage du belge Joachim Lafosse au titre énigmatique : L’économie du Couple.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film traite d’un divorce vu sous l’angle financier. Malgré la maigreur du pitch, Lafosse réussit, avec ces deux acteurs principaux (Cédric Khan et Bérénice Béjo), à transcender son sujet grâce à des dialogues brillants de naturel (on pense à Pialat) et à une mise en scène impeccable qui donne force  à ce huis-clos terriblement émouvant.

Il est 23h30, je regagne mon studio dans cette douce nuit cannoise, remontant les petites rues aux tables bondées, les yeux encore humides de tant d’émotions vécues par la grâce du cinéma.

Rithy Panh parle de son documentaire Exil pour ARTE Cinema 

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