Dummy – Mandatory Enjoyment : des musiques pop-rock entrainantes et cérébrales

Avec des guitares kling-klang, des orgues aquatiques et des voix lunaires, Dummy surfe sur les étoiles avec Mandatory Enjoyment, un premier album d’avant-pop réjouissant !

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Alex, Emma, Joe et Nathan doivent se sentir bien seuls en Californie. Les groupes d’inspiration krautrock vs indie-pop 90’s n’y sont pas légion. Et pourtant, Dummy, avec deux cassettes au compteur, sort l’album parfait qui légitime une sorte d’imperfection. À l’instar du early Stereolab ou des cruciaux Quickspace et autres Th’ Faith Healers, ce premier album coche toutes les bonnes cases. La musique est entrainante, cérébrale tout en offrant du tempo aux Converse. Mais surtout, elle garde une fraicheur trop souvent éclipsée par le diktat du professionnalisme. Les guitares sont acérées comme celles des Feelies avec parfois des poussées bruitistes à la My Bloody Valentine. L’orgue et ses effets space sont la clef de voute des douze titres de Mandatory Enjoyment sans pour autant se réclamer d’un rétro-futurisme obséquieux. Deux chants, masculin et féminin, croisent des harmonies issues des 70’s, à la limite de la justesse. Sur certains titres, la voix atone d’Emma rappelle celle de Laetitia Sadier.

DummyÀ la production, on retrouve Joo-Joo Ashworth, qui n’est autre que le chanteur-guitariste de Froth, groupe de la côte ouest qui écumait les festivals aux cotés des Growlers ou des Allah-Las. Il s’est surtout fait remarquer en produisant remarquablement le dernier disque de Automatic, (girl band) lorgnant sur la new-wave et le post-punk. Avec Dummy, il a évité la surproduction et su conserver un esprit lo-fi tout en créant du relief.

Des douze titres, on retient  l’envoutant Final Weapon qui exalte les congas avec, pourrait-on croire,  R2-D2 aux blips; le terrible Punk Product #4 qui fait rencontrer les guitares shoegazing et le motorik sous emprise mélodique imparable ; l’affolant indie-pop Daffodils qui sur des édredons d’orgues rend grâce aux chants alternés et le bondissant mais rêche  Fissured Ceramics qui envoie des missiles d’effets sur les planètes garage.

Planants, Aluminium In rétrograde, Unremarkable Wilderness, Protostar et Tapestry Distorsion retiennent le souffle et ne sont pas sans rappeler des ambiances relaxantes et expérimentales de Mars Audiac Quintet, l’incontournable album de Stereolab. Cloud Pleaser et H.V.A.C se distinguent par des chants en verve et une rythmique  élastique tandis que le beau Atonal Poem finit par atomiser la piste aux étoiles à coups de xylophones pour un final parfait.

Dummy peut sereinement rejoindre le vaisseau spatial, dans lequel se sont déjà engouffrés The Organ, Melenas ou The Stroppies.

Mathieu Marmillot

Dummy : Mandatory Enjoyment
Label : Trouble in Mind / Modulor
Sortie : le 22 octobre 2021