Bracco – Dromonia : la glace et le feu

Dromonia, le second album du duo parisien Bracco paru sur Born Bad Records propose un alliage cinglant d’attitude rock et de compositions électroniques. Parfait pour les adeptes des soirées Fuck me i’m infamous!

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© Mathilde Polak Touchard/Born Bad Records

Quand Loren officie aux synthés et à la programmation, accompagné de Baptiste au chant et à la guitare contorsionnée, les Parisiens créent un magma sonore débridé. Constitué de sons électroniques et de guitare incisive à la merci de voix habitées, le paroxysme est atteint en concert, la performance n’est jamais loin.

BRACCO - DromoniaDormonia, le second disque de Bracco gagne en puissance et en clarté. Enregistrés au studio La Seine et produits par Marc Portheau, les dix titres sont taillés pour le clubbing. Mais il est évident que pour le duo, la notion de clubbing doit être relative. Machines à fumées, stroboscopes et public averti devraient trouver leurs comptes, on est très loin d’une quelconque french touch branchouille. Bracco en sont les parasites. Dans cette famille hautement fréquentable, citons Deutsch-Amerikanische Freudschaft ou Front 242 dont Bracco partage l’ambiance pernicieuse. Rajoutons les parties électro qui sèment un chaos sombre teinté d’hédonisme et on obtient un résultat proche des raves punk.

Les flashs indus ou techno de Cobra Music et Epiphanie se mêlent au chant chamanique partagé avec quelques cris noyés dans l’écho, la trans pointe le bout de son nez, l’abandon est proche. Les séquenceurs envoutent, pas de quartier sur I Love You et Dromonia, des titres sombres et révoltés qui foutent les chocottes et ne sont pas sans rappeler des intonations et incantations chéries de Genesis P-Orridge, chanteur dérangé de Psychic TV et Throbbing Gristle.

Bracco sait faire preuve de plus de légèreté avec Be A Boy quand le duo invite au chant Lauriane, transfuge des shoegazers de Bryans Magic TearOn pense à Kompromat pour le sens mélodique que partage aussi Wrap Your Lips Around My Neck qui ose une intrusion plus pop. Ou plus rock sur Secret Dancing ou Sunshine, ou les guitares viennent faire allégeance à l’électro dito New Order ou The Sound. Au bord du chaos, Carter et le final The Fall tourbillonnent et finissent dans l’œil d’un cyclope qui préfère les sombres machines.

En dix titres, Bracco sème le trouble avec conviction, fait exploser les frontières entre rock et électro pour les adeptes des soirées Fuck me i’m infamous.

Mathieu Marmillot

Bracco – Dromonia
Label : Born Bad Records
Sortie le : 09 décembre 2022