Alpha – Eleventh Trip

Après un départ en fanfare, Alpha est retourné dans un anonymat certain. Eleventh Trip est néanmoins leur onzième disque dans un style de trip hop atmosphérique qu’ils ont eux-même créé.

1997, c’était le temps du bonheur, des photos d’Andy Jenks et Corin Dingley , en couverture de magazine, une presse criant au génie, des publicitaires reprenant avidement les airs du groupe  : le duo de Bristol venait de sortir Come From Heaven. Découvert par Massive Attack et signé sur leur nouveau label Melankolic, Alpha semblait venir effectivement du ciel dans une musique venu d’ailleurs. Le trip hop alors en vogue semblait vivre une révolution dans une atmosphère légère de brise matinale.

Mais le public et la presse sont versatiles et les deux finirent par se lasser de ce duo aux ambiances diaphanes et ce, malgré d’autres hauts faits d’arme (même si le ton tout en finesse d’Alpha convie plus à  la Paix universelle qu’à  tout sentiment agressif). Il y eu en 2003, un Stargazing, plus remarquable que remarqué, un petit joyau musical qui aurait dû casser la baraque. Six ans après The Sky is Mine qui vit le départ d’Andy Jenks, revoici Alpha dans un nouvel qui apparaît comme un retour aux sources de leur musique. Entre temps, il y eu l’expérience Two-Fazed People co-signé Alpha et Horace Andy pour un album nettement plus dub. , Avec Eleventh Trip, on est à  des années-lumière de ça.

Associé à  la fidèle Wendy Stubbs, de nouveaux vocalistes arrivent sur la planète Alpha, Hannah Collins (The Heavy) et Duncan Atwood (Blueneck), sans que ces nouveaux apports n’engagent une révolution ou même un changement notable. Il faut dire que les vocalistes ont toujours été choisis pour leur timbre, comme Alpha préfère là  mettre un Rhodes et là  un glockenspiel. Présente sur un seul titre, Stubbs et sa voix à  la Diana Ross ou à  la Dionne Warwick amène un touche soul à  un, Lisbon Burt Bacharach-ien.

La musique d’Alpha ressemble toujours à  un anachronisme, , un trip hop des années 6, influencé par Michel Legrand, Henri Mancini et la culture vinyle (craquement garantie) dans une ambiance mélancolique, d’aurore estivale et de rosée du matin. Alpha est le groupe de la sensation et même de la sensation de se retrouver en face d’une musique acoustique…qui en fait ne l’est pas :, , les cordes un peu cheap de Lisbon sont jouées au clavier, ailleurs elles apparaissent plus crédibles dans leur évanescence. Il y a bien une omniprésence d’un Fender Rhodes et d’une guitare acoustique mais pas que. L’électronique sert souvent de halo à  une musique déjà  irradiante (Down), la certitude de prendre de la vigueur dans une ballade qui se faisait d’abord au ralenti (Cilla). Cette production, à  la fois classieuse et humble dans sa mesure, sauve même quelques mélodies qui , chez d’autres se seraient , diluer dans une pop »MTV- soupe » (Covers been Blown).

Au final, tout ceci n’est pas nouveau de la part d’Alpha mais par ces temps de lourdeur et d’excès de graisse, une nouvelle parenthèse enchantée ne se refuse pas.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 1er Octobre 2012
Label / Distributeur : Don’t Touch / La Baleine

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