Prolifique, le danois Trentemøller persiste et signe avec Memoria, un sixième album aux ambiances électroniques et atmosphériques.
Anders Trentemøller peut se targuer d’une carrière bien remplie. À l’aube des années 2000, le succès est au rendez vous : il se fait connaitre en tant que DJ house-techno au sein du duo DJ T.O.M et en solo avec Trigbag. Dès 2003, il s’engage doucement vers d’autres horizons musicaux sous son propre nom. Quelques années et albums plus tard, sort l’excellent album Fixion (2016) aux intonations new wave et cold. Puis en 2019 sort l’album Obverse aux ambiances éthérées, suivi de deux singles avec l’apparition de Tricky.
Son nouvel album Memoria voit quelques changements : d’abord, le chant est à présent confié à la fidèle Lisbet Fritze. Privilégiant l’abstraction sonore, les rythmes déconstruits avec douceur, le Danois n’abandonne pas pour autant le schéma pop. Le premier single In The Gloaming renoue avec une synthé pop atmosphérique dont les lames synthétiques et la voix féminine en épousent les contours troubles, mais douillets.
En amorce de l’album, Veil Of White pose une trame nuageuse et lumineuse à la fois sur les guitares et synthés, qui se perdent dans les échos et sur un chant qui se dissipe dans un brouillard d’effets. Le Danois a choisi de privilégier des instrumentaux souvent hypnotiques. Un riff de basse, une guitare fantomatique, un beat lunaire et des boucles solennisent Glow, à la façon d’un Tortoise électronique mixé à Slowdive. Darkland et Linger explorent la lenteur en construction alors que The Rise et When The Sun Explodes choisissent des structures plus rythmées et modulaires aux sonorités cold et ataraxiques.
Un tourbillon goth plus loin, c’est Dead Or Alive qui réactive la subversion digne d’une intro de Virgin Prunes, les voix sorties d’un brouillard menaçant rivalisent avec la beauté de celles de Like A Daydream, à l’ambiance douce et évanescente proche de The Cocteau Twins. Retour au son et composition classique de Trentemøller sur No More Kissing The Rain qui agit comme une étoile filante dans l’obscurité. La voix de Fritze fait parfaitement le job et rejoint les sœurs Deheza de School Of Seven Bells dans cette faculté à flâner dans des ambiances éthérées. Qui ne sont pas sans rappeler les sonorités new wave de la fin des années 80 ou bien celles des groupes shoegazing des 90’s.
Avec Memoria, Trentemøller plonge sans états d’âmes à la recherche du son idéal pour rêver de nuits étoilées.
Mathieu Marmillot