[Live Report] Elvis Costello et Steve Nieve à la Philharmonie de Paris : Peace, Love and Understanding with Paris.

En dépit de prévisibles limites vocales, ce retour de Costello sur la capitale en compagnie du clavier des Attractions eut ses beaux moments, en particulier sur la fin.

2023 09 24 Costello La Philharmonie
Elvis Costello à la Philharmonie – Photo : @thehalfcentury

Avant de commencer ce compte-rendu, un petit motif d’étonnement. Pour ce premier concert de Costello à Paris depuis 2014, Declan Patrick MacManus a bénéficié selon Le Figaro – qui couvrait son set luxembourgeois – du partenariat de 10 salles d’Europe continentale, parmi lesquelles les Philharmonies de Paris et du Luxembourg. Les promoteurs privés seraient apparemment réticents à produire un artiste n’ayant pas connu un grand succès sur le Continent, un artiste qui serait surtout « culte » et aimé de la critique. Ce qui me fait tiquer sachant qu’on entend quand même Costello reprendre She de Charles Aznavour dans le hit mondial de la romcom Coup de Foudre à Notting Hill.

2023 09 24 Costello La PhilharmonieCostello revient donc sur la capitale en compagnie de Steve Nieve, clavier des Attractions et désormais résident français, dans le cadre pas très rock’n’roll de la Philharmonie. J’avoue avoir traîné des pieds pour me rendre à ce concert à cause des captures Youtube de la tournée. Le Watching the Detectives façon Trip Hop me faisait peur. D’ailleurs ce concept de relecture pas toujours respectueuse est un peu du tout ou rien, comme l’a montré en live Dylan (heureusement pour moi le Grand Rex il y a 4 ans fut un jour « tout » du Prix Nobel de Littérature.). Et surtout la voix semblant très usée, réussissant à me gâcher l’émotion de She.

Costello et Nieve arrivent donc sur scène. Le premier alternera globalement guitare électrique et acoustique (et un tout petit peu de piano). Il aura pour lui deux micros au design rétro qui seraient allés comme un gant aux prestations live du personnage de Dorothy Vallens dans Blue Velvet. Le second jouera du piano, du synthétiseur, d’un Mélodica et de ce qui sera décrit par Costello comme le « plus petit accordéon du monde » (il chantera même un petit peu en solo). Commençant seuls, ils finiront par être rejoints par un violoncelliste, une trompettiste, un clarinettiste et un percussionniste. Le concert sera aussi celui de longs speechs autour – entre autres – de la joie de retrouver Paris, du souvenir du grand Bacharach, de la rencontre avec Nieve lors de la formation des Attractions et des sources d’inspiration de certains morceaux. On apprendra ainsi le lien entre Accidents will happen et l’écoute du « disque le moins sexy du monde » (Dark Side of the Moon).

2023 09 24 Costello La PhilharmonieAvant Waiting on the end of the world, Costello dira qu’il voulait faire sonner cette version live comme du Suicide, mais que finalement ce n’était pas possible. Speeches ralentissant un peu le rythme mais participant du capital sympathie de l’auteur du génialissime Pump it up, au même titre que son désir de faire applaudir ses musiciens d’abord. En premier lieu, la voix, bien qu’usée, était nettement moins pire que ce que Youtube laissait augurer. Waiting for the End of the World semble suggérer que le public n’était pas majoritairement celui des débuts enragés : Costello a tenté en vain de faire chanter le refrain à la salle, évoquant les efforts passés de Pete Doherty à quelques mètres de là (Cité de la Musique) pour faire fredonner avec aussi peu de succès Blue Moon au public présent. Mais cela n’empêchera pas l’arrangement de synthé un peu menaçant du morceau de fonctionner.

A l’arrivée des autres musiciens, le concert sombre un peu dans une routine « Costello goes jazzy ». Et justement l’arrangement Trip Hop de Watching the detectives est parfait pour réveiller le concert. On aura droit ensuite à un Accidents will Happen excellemment accompagné au piano, à un émouvant She très applaudi par la salle, au souvenir des Malouines du chef d’œuvre Shipbuilding et à un (What’s So Funny ‘Bout) Peace, Love, and Understanding lui aussi très salué et énergique malgré son arrangement non « enragé ». Le concert s’achève en mode « après Chris Isaak à l’Olympia, artiste qui quitte la scène pour rejoindre le public volume 2 » : Costello chantera sans micro et ira jusqu’à mi-parcours des gradins situés au niveau de la scène, récupérant quelques spectatrices pour faire les chœurs sur scène pour le final.

Ce n’était pas un concert parfait mais Costello, qui pensait ne plus jamais se produire en France, semblait heureux d’être là et de trouver une forme de paix avec un hexagone avec lequel il a connu une histoire d’amour un peu vache. Alors certes, à la sortie, un spectateur semblait regretter le caractère pas très rock de cette soirée. Mais de toute façon cela avait déjà été annoncé lors de la mise en vente des billets.

Texte : Ordell Robbie
Photos : @thehalfcentury

1 thoughts on “[Live Report] Elvis Costello et Steve Nieve à la Philharmonie de Paris : Peace, Love and Understanding with Paris.

  1. Merci beaucoup pour ce compte-rendu. C’est quand-même triste de perdre sa voix, avec le poids des ans qui s’invite au concert…
    Admirateur d’EC depuis 1987 (j’ai alors tout rattrapé), Je n’aurai jamais réussi à le voir en concert (je ne suis pas parisien).
    Un artiste vraiment incroyable.
    INCROYABLE.
    i n c r o y a b l e !

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