[Live Report] Viagra Boys et Cooper T au Zénith de Paris : release party !

Pour fêter la sortie le jour même de leur formidable nouvel album, les Viagra Boys ont mis le feu au Zénith. On vous raconte l’assaut victorieux de la bande à Sebastian !

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Viagra Boys au Zénith – Photo : Robert Gil

Ce n’est pas tous les jours que le Zénith de Paris accueille une « release party », en l’occurrence celle de viagr aboys, le quatrième album du groupe punk suédois du (quasi) même nom (et oui, rappelons que la suprématie des Hives au sommet du genre est désormais remise en question !) ! Et même si la popularité encore pas si énorme de nos chers Viagra Boys, conjuguée à l’effet des vacances de Pâques, fait que l’on se retrouve dans un « petit Zénith », de 3500 places seulement, et qui ne sera pas rempli, le bon esprit de la fête est bien là !

2025 04 25 Cooper T Zénith RG (9)20h00 : … mais avant la « déjante » et le chaos Viagra Boys, on démarre (presque) en douceur avec les Mancuniens de Cooper T. Si, au départ, en voyant débouler sur scène deux mecs cagoulés-masqués à l’attitude de rappeurs, appuyés par deux « musiciens » derrière qui bidouillent des trucs et font des percussions, on n’est pas forcément ravis, on va rapidement se rendre compte que les choses ne sont pas exactement ce qu’elles paraissent. Ces gens-là sont apparemment des potes des Sleaford Mods, ce qui est quand même une sacrée référence, et, en plus, quelque chose de l’inimitable talent mélodique britannique survit au milieu de leur Hip Hop / Northern Grime. Oui, on vous parle ici de mélodies dans les « refrains », de quelque chose d’entraînant qui renvoie par instants aux années ska, et qui donne envie de se trémousser et de sourire, voire de brailler tous ensemble. Et puis, il y a la joyeuse faconde de leur « leader », son accent mancunien à couper au couteau, son envie de partager la joie et l’énergie qui émane de lui. Bref, on ne s’ennuie pas pendant leurs 30 minutes d’un set frais et sympathique. Ils expliquent qu’ils seront de retour au Supersonic cet été, ce serait une bonne idée d’aller y jeter une oreille !

2025 04 25 Viagra Boys Zénith RG (12)Préparation ultra rapide de la scène, et Viagra Boys débarquent à 20h50 : la joyeuse troupe bigarrée est toujours la même, avec, au centre de l’attention de tous, Sebastian Murphy, armé de ses tatouages intégraux et de sa bedaine annonçant une prochaine naissance nourrie à la bière, fièrement mise en avant et tendrement caressée. Nous, on adore aussi regarder le fantastique Oskar Carls, saxophoniste et guitariste au look flamboyant et aux poses ultra sexy (tiens, à un moment, on s’est dit qu’il n’aurait pas dépareillé sur les deux premiers albums de Roxy Music !). Le public du Zénith explose littéralement de joie dès les premières mesures du premier titre (pas de retard à l’allumage, ce soir), le formidable Man Made Out of Meat, premier single du nouvel album : « I am a man that’s made of meat / And you’re on the internet looking at feet / I hate almost everything that I see / And I just wanna disappear » (Je suis un homme fait de viande / Et tu es sur Internet à regarder des pieds / Je déteste presque tout ce que je vois / Et je veux juste disparaître). Histoire de rappeler à ceux qui n’auraient pas encore écouté ce magnifique nouvel album sorti le jour même du concert (« Vous avez eu presque dix heures pour réviser » nous tancera Sebastian parce que nous ne savons pas chanter en chœur tous les refrains !) que, si le projet était de faire un disque « simple et stupide », la rage politique n’a pas disparu. D’ailleurs, il sera l’un des rares Américains vus sur scène depuis janvier qui ne mâchera pas ses mots à propos du nouveau gouvernement US (« piece of shit », etc.), même si, en vivant en Suède, il est clairement à l’abri des sbires de MAGA !

2025 04 25 Viagra Boys Zénith RG (9)Release party de viagr aboys, comme annoncé, le concert de 1h30 inclura neuf chansons nouvelles, dont six jouées pour la première fois sur scène, et pour lesquelles Sebastian demande notre indulgence. Le reste de la setlist est constitué des titres les plus populaires des trois albums précédents, qui déclenchent évidemment des moments de pure fusion nucléaire dans le mosh pit : Slow Learner (second titre de la soirée pour redoubler de furie après Man Made of Meat), Punk Rock Loser  (l’un de nos morceaux préférés, bien heavy et gras, avec ce refrain réjouissant : « I tried to warn you, I’m loose ! », parce que c’est bien comme ça qu’on se sent, motherfuckers, LOOSE !), Ain’t No Thief (grande occasion de tous brailler en chœur à s’en péter les cordes vocales : « I ain’t no thief / He ain’t no thief) », Ain’t Nice (extraordinaire déclaration d’intention, sans aucune pitié, qu’on aurait bien vue sur les premiers albums des Stranglers !), et puis évidemment, l’hilarant Sports (hymne inégalable au je-m’en-foutisme : « Getting high with your friends / On the basketball court / Sunglasses on when you sleep / Yeah that’s a sport » – Se défoncer avec ses amis / Sur le terrain de basket / Avoir des lunettes de soleil sur le nez quand on dort / Ouais, c’est un sport !)…

2025 04 25 Viagra Boys Zénith RG (13)Par rapport aux tournées précédentes, et en ligne avec le nouvel album, on remarque que la priorité est mise sur les titres plus courts, plus « accessibles », ce qui ne veut pas dire qu’on échappe complètement, et c’est heureux, à quelques longs délires où le saxo déchiré d’Oskar troue la nuit de ses hurlements free, comme dans un très long Research Chemicals qui clôt le set principal, ou la belle conclusion du rappel avec Worms. Mais il ne faut pas oublier l’inclusion au milieu de tout ce chaos d’une chanson calme, ample et magnifique, Medicine for Horses, grand moment de beauté de la soirée, prouvant que le groupe a bien plus d’une corde à son arc !

On a parlé de l’état de frénésie générale dans lequel se trouvait une bonne partie de la fosse, il faut remercier le service d’ordre qui a dû passer la totalité du concert arcbouté contre les barrières trop faibles pour résister à la pression monstrueuse de la foule : c’est grâce à eux qu’on a peut-être échappé à un accident, les crash barriers du format « Petit Zénith » n’étant pas forcément dimensionnées pour contenir un tel assaut. On ne parle pas assez souvent du boulot formidable que font ces professionnels de la sécurité, en plus de nous hydrater régulièrement avec des bouteilles d’eau et d’évacuer les spectateurs en train de défaillir. Oui, merci : grâce à vous, la fête est restée une fête jusqu’au bout !

… et ce soir, Viagra Boys ont confirmé qu’ils sont montés encore d’un cran dans la légende du Punk Rock. Ils ne sont plus très loin du podium, mais connaissant l’allergie de Sebastian Murphy pour le « SPORT », on peut parier sans risque qu’ils n’en ont absolument rien à faire !

Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil

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