Le huitième jour, l’intégrale – Daniel Torres

Sous forme de nouvelles graphiques, Daniel Torres nous propose de très atypiques histoires dans cette intégrale !

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Les péchés capitaux, les jours de la semaine, les continents, les sacrements… Le nombre sept est profondément ancré dans la culture et les traditions européennes. Il a ainsi fallu sept journées à Dieu pour modeler le monde. Mais que s’est-il passé le jour d’après ? C’est à cette question que répond Daniel Torres dans Le huitième jour !

Daniel Torres – Le huitième jour, l'intégraleNous connaissons l’anecdote… Le premier jour, Dieu dit « Que la lumière soit ! » et la lumière fut. Constatant le néant qui l’entourait, il conçut le Ciel, la Terre et les océans. Le deuxième jour, il ajouta les étoiles, le suivant, les végétaux. Le quatrième jour, il dessina le Soleil et la Lune. Le cinquième, il donna vie aux animaux et le sixième à l’Homme. Enfin, il finit son œuvre en sanctifiant le septième d’un repos bien mérité ! Mais, n’ayant plus rien à accomplir, il commença à s’ennuyer… Pour se divertir, il créa donc le Diable, et lui imposa de raconter, chaque jour, une histoire. Ce fut le huitième jour.

Cette intégrale, compilation des deux tomes édités par Casterman en 1993 et 1997, présente huit nouvelles graphiques : La ville en flammes, sur fond de magouilles financières et d’appât du gain ; Les rois, questionnements sur la survie de l’espèce à travers l’anthropomorphisme ; Le cœur fugitif, évoquant progrès social et machinisme ; Le pirate terrible, s’enfonçant sur les mers où les plus atroces truands font régner la terreur ; Noir est l’hiver, influencé par les légendes et la littérature chinoises ; La ballade de Rose De España, western dans un décor de théâtre ; La peau du chasseur, huis clos dans l’univers de la taxidermie et Pictura est, basé sur les scissions entre religion et inquisition.

Un concept original, où l’auteur se joue constamment des codes, que ce soit dans la forme ou dans le fond. D’abord, en axant son propos sur le chiffre huit qui, comme une boucle, revient toujours, du début du premier récit, le huitième jour, à la fin du dernier… qui est le huitième, avant de se répéter… Ensuite, dans le choix que Dieu, après avoir fondé un monde parfait, équilibré et d’une grande beauté, se délecte de drames racontés d’un ton critique, cynique et teinté d’humour noir par son alter ego maléfique. Divers thèmes sont développés et trouvent tous une issue funeste : assassinats, cataclysmes, guerres, exterminations, violence, tortures, ostracisme, batailles…

Graphiquement, Daniel Torres s’ancre dans la tradition de la ligne claire. Il se démarque par un traitement intelligent de la colorisation qui facilite la lecture : utilisation de dégradés de gris dès que les deux protagonistes digressent et de couleurs lorsque l’on entre dans l’histoire contée par le Diable. Là encore, la nuance est intéressante pour séparer le fil du récit des bonds faits par le narrateur dans le temps, ainsi que pour différencier les interlocuteurs dans les bulles.

Indéniablement, cette bande dessinée n’a rien perdu de son efficacité ! Le lecteur se prend vite au jeu et, à l’instar de Dieu, attend impatiemment la nouvelle intrigue de Satan… À lire ou à relire !

Simon BAERT

Le huitième jour, l’intégrale
Scénario : Daniel Torres
Dessin : Daniel Torres
Éditeur : Norma / La Boîte à Bulles
126 pages – 12 €
Date de sortie : 19 août 2015

Le huitième jour, l’intégrale – Daniel Torres – Extrait :

Daniel Torres – Le huitième jour, l'intégrale